Les vaccins en cause ?

Quelle est la cause de la maladie ?

Dans cette affaire, la précision du vocabulaire est absolument cruciale. Lorsque l’on se fait vacciner, le produit que l’on reçoit contient un adjuvant, un élément sans lequel les vaccins seraient totalement inefficaces. Dans la plupart des vaccins, l’adjuvant utilisé est un composé d’aluminium.

Or, dans les lésions typiques de la MFM, on retrouve de l’aluminium en quantité anormale ; il est aujourd’hui unanimement admis que l’aluminium est la cause de la MFM au sens strictCes lésions sont le résultat d’un tatouage vaccinal qui apparaît à chaque contact avec l’adjuvant : toute personne vaccinée admet ce tatouage au niveau de la zone d’injection.

Cependant, aucun lien entre la MFM au sens strict et un quelconque syndrome clinique n’a été scientifiquement démontré.

C’est justement le point controversé, celui qui est à l’origine de tous les débats. Pour certains, principalement les associations regroupant les malades, comme E3M (association d’Entraide aux Malades de la Myofasciite à Macrophages), la coïncidence est très surprenante. Aucune étude n’a prouvé que ce lien n’existait pas et, au vu des publications existantes, l’association exhorte au principe de précaution et au financement d’études complémentaires.

Pour maintes raisons, l’association trouve l’aluminium trop suspect pour rester dans les vaccins, d’autant plus que, selon elle, des alternatives existent ou pourraient aisément être développées. Les convictions de l’association sont partagées par le professeur Romain Gherardi, qui a dédié de nombreuses études à la MFM dans le but de mieux la comprendre et de pouvoir officiellement associer l’adjuvant aluminique et les symptômes décrits.

Les autorités sceptiques

Ce point de vue n’est cependant pas partagé par tous. Un certain nombre d’institutions publiques, telle que l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) ne sont pas convaincues de la pertinence de retirer ces adjuvants. Se référant aux faits scientifiques, rien ne relierait la MFM à la présence d’aluminium dans les vaccins. Leur argumentation repose fondamentalement sur l’expérience : depuis des décennies on utilise cet adjuvant qui a pu sauver des millions de vies et seulement depuis peu, on le remet en question en arborant quelques cas suspects. Ils considèrent d’autre part les résultats du professeur Gherardi intéressants mais peu concluants pour le moment.

La question de la reconnaissance pose problème pour E3M : pour que les adjuvants aluminiques soient retirés ou remplacés, il faudrait que soit publiquement reconnu leur caractère nocif, par des organismes tels que l’ANSM ou l’OMS. C’est impossible tant qu’aucune preuve scientifique ne le démontre et pour ce faire, il faudrait consacrer du temps et de l’argent à des recherches.

Cependant, tant que ces organisations ne s’intéressent pas au problème, les recherches doivent se faire dans un cadre peu favorable, sans financement assuré, et dans un contexte compétitif. Or, ce type de recherche est non seulement très coûteux mais aussi particulièrement complexe à mettre en œuvre: il s’agit par exemple d’études épidémiologiques qui doivent prendre en considération de nombreux cas et les comparer. La situation se résume à une question : faut-il financer des recherches sans garantie qu’elles puissent aboutir?

Un approfondissement nécessaire ?

Dans leurs rapports, l’ANSM et l’OMS déclarent qu’il manque beaucoup d’informations pour conclure sur le caractère risqué de l’aluminium des vaccins et encouragent la mise en place d’études complémentaires. Néanmoins, aucun fonds ne leur seraient accordés.

Romain Gherardi serait prêt à approfondir ses précédentes recherches s’il était financé. Or, l’ANSM, qui a déjà subventionné ses études, refuse de recommencer. L’état des recherches n’a donc pas beaucoup évolué depuis des années, puisqu’on ne considère toujours pas le problème comme un problème de santé publique majeur qui justifierait une levée immédiate de fonds.

Cela ne convient pas à E3M car des décisions rapides seraient essentielles pour protéger les malades et éviter d’augmenter le nombre de victimes. Pour eux, les conclusions sont sans équivoques et alarmantes : des études sont certes nécessaires pour mieux comprendre la maladie mais le risque est suffisamment élevé pour agir immédiatement.

Des acteurs trop impliqués ?

Avec la controverse fusent des accusations de toutes parts.

Le fait que les résultats soient rejetés par l’ANSM alors que ses membres sont souvent étroitement liés à l’industrie pharmaceutique amène E3M à penser que des lobbys exerceraient une grande influence. Cette accusation s’explique aussi par la rentabilité de  l’adjuvant aluminique pour les entreprises du médicaments par rapport aux équivalents qu’E3M réclame en vain de voir arriver sur le marché.

Au contraire, diverses sources journalistiques accusent Romain Gherardi d’avoir fait de la controverse une cause personnelle et de se fonder sur un argumentaire peu convaincant. Cela deviendrait pour lui un moyen d’inciter les parents à ne plus donner de vaccins à leurs enfants, et pourrait être la cause de prolifération d’épidémies par absence de vaccination. Il ferait ainsi le jeu des anti-vaccins, qui aimeraient que des épidémies se déclarent pour voir leurs revenus augmenter.

D’autre part, l’action des médias a fait en sorte que la controverse soit associée à celle sur l’obligation vaccinale : faut-il continuer à vacciner alors qu’il y a des risques ?

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