Neandertal, historique d'un rejet

Nouvelles découvertes mais regard péjoratif immuable

La seconde moitié du dix-neuvième siècle ne sera guère plus méliorative pour Neandertal, qu'on continuera à considérer comme un « idiot » ou un être « anormal » malgré la multiplication des restes mis à jour qui commencent à installer l'idée d'une espèce différente, ou peut-être en raison de cette idée. En effet, malgré les similitudes criantes entre les deux espèces, l'humanité semble demeurer réservée à l'homo sapiens.

Cette vision peu flatteuse semble parfaitement installée au début du vingtième siècle, que ce soit dans les milieux scientifiques ou aux yeux du grand public, comme le montrent des citations relevées à cette époque. Marcellin Boule, paléoanthropologue, en dit ainsi « L'absence probable de toute préoccupation d'ordre esthétique ou d'ordre moral s'accorde bien avec l'aspect brutal de ce corps vigoureux et lourd (...) où s'affirme encore la prédominance des fonctions purement végétatives sur les fonctions cérébrales. ». Dans le même ordre d'idée, le romancier H. G. Wells dans un roman paru en 1921 (The Grisly Folk) parle de Neandertal en ces termes peu flatteurs : « Nous ne savons pas grand-chose de l'aspect de l'homme de neandertal, sinon qu'il devait être extrêmement poilu, très laid ou d'une étrangeté repoussante, avec son front bas, ses orbites de coléoptère, son cou de singe et sa station voûtée. »

Il faudra attendre la fin de la seconde guerre mondiale et les progrès techniques d'archéologie comme l'imagerie médicale pour que cette image de brute épaisse commence à changer dans les esprits.

L'homme de Néandertal tel qu'on l'imaginait au début du XXeme siècle - source : ecce-homo.webcomics.fr