La place des lobbys et le financement des recherches

 

L’arrêt des recherches n’est pas la conclusion de la controverse

 

L’une des questions soulevée par la controverse sur ces recherches concerne les financements de ces recherches et la présence éventuelles d’intérêts contradictoires dans celles-ci, déséquilibrant alors le calcul entre principe utilitaire et principe de précaution. Le cas de la grippe H5N1 est pour l’instant en suspens, les financements publics américains et européens ayant été coupés. Mais il se pose la question d’une récupération des recherches par des organismes privés, dont les priorités sont différentes de celles d’un gouvernement. Il y a donc une tension nouvelle qui se pose, entre règlementer voire interdire ces recherches et simplement laisser un vide dans ce domaine.

 

Des intérêts privés entrent en jeu

 

Des initiatives privées souhaitant reprendre les recherches n’ont pas été entreprise. Cependant, on constate le poids des lobbies, qui par un travail d’influence cherchent à relancer les recherches. On peut prendre comme exemple concret de cette influence la création en 2011 de la Foundation for Vaccine Research, siégeant à Washington; et qui a ouvert un centre à Bruxelles. Celle-ci est financée par des fonds privées (notamment des entreprises pharmaceutiques) et vise à pointer l’attention sur le besoin de financement accrue sur le long terme pour la recherche de vaccin contre diverses infections virales (VIH; malaria; grippes). Les dirigeants de l’association sont essentiellement issus du milieu universitaire et de la recherche américaine. L’association agit par exemple en menant des levées de fonds via divers médias (dont la télévision) dont l’ensemble des gains sont reversés aux laboratoires partenaires, autant privés que publics. Si l’intérêt en termes de santé publique est justifiable, on peut y voir le privilège d’une solution sur une autre, le soin plutôt que la prévention; d’autant plus que cette solution coïncide avec les intérêts financiers de laboratoires pharmaceutiques privés.

Un exemple passé de lobbying: la grippe aviaire H1N1

 

Des cas de conflits d’intérêts dans le cadre de la recherche scientifique sur souches virales ont ainsi déjà été constatés. Le journal Bild avait ainsi révélé dans un article du 5 février 2010 un contrat signé entre le gouvernement allemand et le laboratoire pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK) prévoyant de fournir les vaccins nécessaires à une éventuelle épidémie grippale en 2007, 25% de la production de l’industriel et traiter ainsi 50% de la population allemande, soit deux ans avant que ne soit détectés les premiers cas de grippe porcine H1N1. On peut supposer l’intérêt de tels groupes privés à entretenir ces recherches afin de se garantir un débouché au moyen de l’entretien de ces risques. De plus on y apprend aussi, la présence dans le vaccin d’un adjuvant, le squalène. Or, le squalène est un adjuvant très décrié par certains scientifiques en raison des risques d’accident vaccinal qu’il peut déclencher, c’est aussi une substance extraite d’une espèce de requin en voie de disparition. Ainsi outre l’entretien des risques un tel contrat peut avoir des conséquences écologiques, qui sont nettement régulés dans le cadre de recherches hors du secteur public. Dès lors on peut remettre en question la prégnance de lobbies pharmaceutiques dans des instances gouvernementales ou intergouvernementales comme l’OMS.

 

Cet exemple, s’il semble éloigné de la controverse actuelle, peut permettre de préfigurer la tournure que pourrait prendre la controverse, notamment l’implication d’intérêts privés sur des questions de santé publique.

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