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A l’heure actuelle, les viandes artificielles sont plutôt imaginées sur un moyen et long-terme. Dès lors, il est légitime de se demander ce que l’on peut espérer de la viande in vitro d’ici 2050.

Pour l’instant, la viande in vitro est au stade de l’innovation, ce qui a deux effets opposés : pour les consommateurs, on observe une certaine réticence à mettre dans son assiette le produit d’une expérimentation scientifique ; quant aux entreprises et aux investisseurs, ils sont déjà dans l’expectative d’un développement de ces technologies sur les 5 à 10 prochaines années. Ils se basent sur les avis des chercheurs qui travaillent sur la viande artificielle et qui entraperçoivent une consommation à l’échelle mondiale d’ici 2050. Les uns comme les autres sentent que ce marché va subir de grands bouleversements dans les années à venir, et veulent être des acteurs avec un rôle dans cette dynamique.

Ce développement passe par des avancées technologiques majeures en terme de culture des cellules souches : incubateurs à grande échelle, automatisation des procédés, développement de l’utilisation d’imprimantes 3D [11], mais aussi par des grandes avancées en terme de régulation politique dans le monde et dans l’Union Européenne.

Des incertitudes majeures sont encore à résoudre : aucune étude n’a encore été faite sur l’impact nutritionnel de la viande artificielle sur l’homme, comme l’ont souligné les chercheurs rencontrés à l’INRA. Le fait de pouvoir choisir précisément la composition des 100g de notre assiette a tout pour plaire, sauf qu’il faut auparavant avoir identifié les nutriments désirables, indésirables, mais aussi réussir à choisir des proportions qui n’ont pas une mauvaise influence sur l’expérience de la dégustation. De plus, la question de comment mener la commercialisation pose des problèmes. Les Etats-Unis ont de l’avance sur ce point et ont dû faire face aux premières protestations sur la dénomination de « viande », tandis que les entreprises américaines profitent d’un flou juridique sur la valeur nutritionnelle attendue d’une viande [5].

A ce stade, il convient de souligner également la présence d’acteurs plus réservés sur ces technologies. Souhaitant garder l’anonymat, ils contestent la publicité mensongère qui est faite par les partisans de la viande artificielle et qui veut faire de celle-ci la seule alternative durable et éthique à l’élevage actuel, dans un but capitalistique et économique. Ces acteurs cherchent des solutions dans une consommation locale et encouragent une proximité renforcée entre les producteurs, le bétail et les consommateurs. Ces solutions prolongent les nombreuses tendances qui se développent dans les pays occidentaux : Flexitarisme, Végétarisme, Véganisme, toutes basées sur une consommation plus raisonnée, et proposent d’y joindre une production à la fois équitable, humaniste, et éthique.

Cette controverse s’inscrit aussi dans une démarche mondiale pour diminuer autant que possible notre impact écologique [4]. La question dépasse la simple réduction de l’émission de méthane liée à la diminution de la quantité de bétail : les scientifiques s’intéressent à l’ensemble de la chaîne de production jusqu’au consommateur. Selon Memphis Meat (une des start-ups de viande artificielle) : « Our process will produce less waste and dramatically fewer greenhouse gas emissions. We believe that the planet will be the ultimate beneficiary of our product ». Cependant, ces informations doivent être nuancées avec le fait que ces entreprises qui veulent apporter la viande artificielle dans nos assiettes n’ont pas encore publié d’informations sur leur méthode de production à grande échelle.