Enjeux principeux de la controverse


Les jeux vidéo sont-ils une drogue ?

La création d’un centre de désintoxication des jeux vidéo en Corée et de 2 services traitant de l’addiction aux jeux vidéo en France est significative d’un phénomène encore inconnu il y a quelques années : la dépendance aux jeux vidéo. Le centre de Marmottan en France traite des patients qui ont du mal à « sortir » des jeux vidéo. Le docteur Marc Valleur place les jeux vidéo dans le cadre des nouvelles drogues : le sexe, les jeux d’argent et de hasard…

Contrairement à la violence dont on peut voir explicitement le lien entre le contenu des jeux et ses conséquences dans la réalité, le problème de l’addiction ne s’est révélé que récemment. Cela vient peut être aussi de la généralisation d’internet, de la quasi professionnalisation des meilleurs joueurs et du changement de stratégie des développeurs et éditeurs de jeux. Auparavant les gens achetaient un jeu qui était finissable, que l’on finissait ou non, puis on en achetait un nouveau et ainsi de suite. Puis des jeux, non finissables mais que l’on achète en une fois sont arrivés comme counter strike. Ce sont des jeux où l’on joue en réseau contre d’autres personnes. Ainsi les parties sont toujours nouvelles car les adversaires toujours différents. La durée de vie de ces jeux est donc très importante. Enfin depuis peu, un nouveau type de jeu est apparu et est de plus en plus populaire : ce sont des MMORPG (Massive Multiplayer Online Role Playing Game). L’un de ces exemples est World of Warcraft, on doit désormais s’abonner, c'est-à-dire payer une somme chaque mois pour avoir le droit de faire évoluer un personnage dans un monde virtuel où se retrouvent tous les joueurs de la planète. L’évolution étant longue, le jeu n’étant pas linéaire, c'est-à-dire que le joueur se façonne son histoire, il n’y a pas de scénario pré-écrit, la durée de vie de ces jeux est quasi infinie et l’éditeur a intérêt à rendre dépendant le joueur car il paye tous les mois.

De nombreux gamers commencent à reconnaître qu’ils ont du mal à s’arrêter, on ne peut plus nier non plus les nombreux cas de divorces, d’interruption des études, d’isolement mais ce n’est pas une généralité car d’autres personnes ne considèrent pas les jeux vidéo comme une addiction et encore moins comme une drogue.

Il faut donc regarder la controverse au niveau des médecins pour avoir d’autres éléments. On considère qu’il peut y avoir addiction uniquement si on met en évidence qu’il y a sécrétion de substances dans l’organisme.

Certains professionnels ont d’ailleurs relevé chez des joueurs plusieurs substances à un taux supérieur à la normale :

Il reste encore à prouver que ces substances sont capables de créer réellement une dépendance, ce que contestent d’autres médecins qui ajoutent que les substances citées n’ont pas forcément les mêmes effets sur l’adulte et chez l’enfant.

Le coté addictif des jeux n’étant pas tranché, on peut néanmoins traiter le jeu vidéo comme un facteur de repliement sur soi. C’est en effet un point de vue que soutiennent les associations familiales, l’enfant est coupé du monde extérieur, il ne noue de contact avec personnes d’autres, il ne se consacre qu’à une seule activité. Le docteur Jeanne Funk ajoute qu’à long terme un enfant souffrira de ce non rapport avec l’extérieur même s’il avait acquis de la confiance dans un premier temps.

D’autres médecins contestent ce point de vue pour plusieurs raisons. D’une part, un enfant discute avec ses copains de son avancée d’un jeu, il peut aussi échanger sur internet, il se crée donc un petit environnement qu’il n’aurait pas forcément découvert avec une autre activité. Ainsi certains psychiatres considèrent que les jeux vidéo sont une activité moins isolante que la lecture. D’autre part, une partie des psychologues rejètent la responsabilité des jeux vidéo plus en amont. Ainsi les jeux vidéo ne seraient que l’expression du mal-être d’un enfant ou d’un adolescent. D’autres activités gratifiantes pour un enfant mais destructrices quant aux rapports avec les autres, comme la lecture ou les sports solitaires auraient très bien pu prendre la place des jeux vidéo. Au contraire dans un hôpital de jour, les jeux vidéo sont utilisés par les psychiatres pour apprendre la vie en société à des enfants ayant des troubles du comportement. Les enfants doivent organiser des tours de jeu, s’aider pour les passages difficiles, etc.

Il faut remarquer que contrairement à la problématique de la violence, les éditeurs de jeu n’ont pas été attaqués sur le sujet. Les seules conséquences pratiques sont la mise en place de service de désintoxication pour les jeux vidéo.

Mais il n’a toujours pas été mis en évidence l’importance de l’addiction, les prédispositions à cette addiction. De plus jusqu’à présent cette addiction n’est pas plus dangereuse que celle des casinos. Dans l’avenir, peut être verra-t-on des joueurs s’inscrire volontairement sur des listes pour qu’ils ne puissent plus rentrer dans des cybercafés ou acheter des jeux comme cela se passe actuellement dans les casinos.

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