Les savoirs-faire

Pour créer une filière française de l’éolien offshore, la France doit acquérir de nombreux savoir-faire aussi bien techniques que d’ingénierie pour être compétitif.

I. Savoir-faire existants

D’après une étude de Capgemini Consulting, menée entre novembre 2009 et février 2010, « Windustry France : L’éolien se tourne vers les savoir-faire industriels français ». La France possède un capital historique industriel très important. Ainsi, l’utilisation de savoir-faire existants pour l’éolien, permettrait le développement de parcs éoliens en France (pour répondre aux objectifs du Grenelle de l’Environnement), l’essor de la filière mais aussi le maintien des savoir-faire et des emplois dans un contexte de désindustrialisation.

Tout d’abord, l’industrie éolienne a un grand besoin en matière de R&D et d’ingénierie. En effet, augmenter le rendement des éoliennes par exemple est un enjeu important pour le développement de l’industrie éolienne. Cela nécessite des connaissances très pointues dans plusieurs domaines : mécaniques des fluides, mécaniques des matériaux, électronique… Les entreprises spécialisées dans ces domaines pourraient se diversifier en utilisant leurs savoirs de pointes dans ces domaines pour l’éolien.

La France étant le deuxième pays industriel d’Europe, elle comporte de nombreux savoir-faire techniques. La construction d’une éolienne nécessite la fabrication de pièces détachées de différentes sortes (pâles, rotor, mat…) et d’un assemblage. Ainsi, cela fait appel à différents domaines de savoir-faire.

  • En métallurgie, chaudronnerie, mécanique et mécatronique pour le mât, le système d’orientation des pâles

  • En aérodynamique pour les pâles. Ces connaissances sont présentes se retrouvent dans les entreprises d’aéronautiques et de constructions navales.

  • Electronique

  • En BTP pour la création des fondations des éoliennes. Par exemple, le consortium Ailes et Marines a sélectionné Eiffage pour la mise en place des fondations.

Ainsi, la France pourrait utiliser ses savoir-faire pour réaliser ses parcs et selon le rapport de Capgemini : « La France pourrait prendre une place importante dans la sous-traitance de nombre de grands composants éoliens ». Un autre atout de la France, est sa côte maritime qui permet de faciliter l’exportation.

Dans l’étude de Capgemini, sont listées toutes les entreprises susceptibles d’être intéressées par le domaine de l’éolien et ayant des compétences utiles à cette industrie, (par exemple, un fabriquant de voilier peut être intéressé par la fabrication de pales). Ils ont ensuite contacté les 400 entreprises repérées en leur demandant si elles étaient intéressées par ces domaines. Autour de 150 entreprises ont manifesté leur intérêt à une diversification vers l’éolien comme par exemple SAFRAN, EADS, Nexter… Il faut aussi prendre en compte les 150 entreprises œuvrant déjà en tant que sous-traitant dans l’éolien terrestre référebcés dans l’annuaire de 2009 de SER-FEE

Aussi, les promoteurs promettant de construire des éoliennes à 100% (exigence des appels d’offres), il est indispensable qu’ils trouvent des entreprises prêtes à leur construire des pièces en France. Cependant, une utilisation des connaissances existantes nécessite une bonne coordination entre les différents acteurs possibles de cette industrie.

Il est intéressant de noter le débat contradictoire mené par le collectif PULSE (Pour Un Littoral Sans Eoliennes) qui affirme que les éoliennes ne seront pas complètement réalisées en France et que pour les pièces les plus techniques, les promoteurs feront appel à des fournisseurs européens. Ainsi, selon eux la valeur ajoutée par la France serait très limitée.

 II. Création d’emploi

 L’utilisation des savoir-faire existants n’est pas suffisante, la mise en place des parcs et leur exploitation va nécessiter la création d’emplois.

Tout d’abord, les entreprises comme Alstom et Areva qui débutent dans la construction d’éolienne en France, ont besoin de connaissances d’ingénieries poussées. Alstom envisage donc de créer un centre d’ingénierie et de R&D pour l’éolien offshore.

La création de parcs éoliens en France va entraîner le développement de recherches et des innovations dans la construction d’éoliennes et dans l’exploitation des milieux marins.

Sont cités, sur le site du projet de Saint-Brieuc (Ailes et Marines), plusieurs projets de recherches (OPTIWIND en partenariat avec France Energies Marines et Areva pour optimiser les méthodes d’installation de l’éolien en mer ; RESIBAD avec Le Pôle Mer Bretagne, l’ENSTA Bretagne et IN VIVO pour la réduction des bruits sous-marins lors des travaux maritimes…).

Des emplois liés à la construction des parcs et des différentes parties des éoliennes vont aussi être créés. Le consortium Eolien Maritime France s’est allié avec Alstom pour la réalisation des éoliennes. Alstom prévoit la création de 4 usines (à proximité des zones portuaires pour faciliter le transport), pour fabriquer les composants de l’éolienne « Haliade 150 – 6 MW ». Ces usines seront situées à Saint Nazaire pour la fabrication des génératrices et pour l’assemblage des nacelles et à Cherbourg pour la fabrication des pâles et des mats. Le site de fabrications des fondations et le site d’assemblage seront sur le port du Havre. Selon les prévisions d’Alstom, 5 000 emplois vont être créés dans la région Ouest.

Le consortium Ailes et Marines (projet de Saint Brieuc) associé avec Areva pour la fabrication des éoliennes prévoit lui de créer 1 860 emplois dans le Grand Ouest pour la construction des éoliennes, selon leur site internet.

Se pose cependant la question de la pérennité de ces emplois. Ils seront créés pour la mise en place des parcs, mais ont-ils un avenir ? Le collectif PULSE conteste l’intérêt de ces créations d’emplois pour les régions du Grand Ouest, qui ne seront que temporaire, pour la durée de créations des parcs.

Enfin, les parcs nécessiteront un travail de maintenance pendant la durée de leur exploitation. Le projet de Saint Brieuc, mené par le consortium Eolien Maritime France permettra la création de 140 emplois directs, qui seront pour des raisons opérationnelles et logistiques, localisés dans la baie de Saint Brieuc et pérennes sur l’ensemble de la durée de vie du parc (20 ans minimum). Il y aura 100 techniciens responsables des opérations de maintenance, 20 marins chargés de transporter le personnel de maintenance, le matériel et d’assurer l’entretien des bateaux et 20 superviseurs pour le suivi de production. Pour les marins des pêcheurs pourront être réorientés vers ce travail.

Les emplois seront donc en priorité crées dans le Grand Ouest et permettrait de redynamiser la région.

Cependant, ces chiffres sont contestés. La porte-parole du collectif PULSE affirme que pour la maintenance que « la maintenance locale, sur terre, c’est en moyenne une personne pour deux éoliennes. En mer, ça ne sera pas plus, ça sera même peut être moins car les moyens seront beaucoup plus sophistiqués». Selon elle, les chiffres sont donc énormément gonflés. Donc par exemple pour le projet de Saint Brieuc, de 100 éoliennes, cela représenterait 50 emplois et non pas 100.

Les ouvriers expriment aussi, à travers les débats publics, leur crainte quant à ces emplois. Ils aimeraient connaître le nombre d’heures de travail que ces emplois représentent et pas le nombre d’emplois. Ils souhaitent aussi des formations pour pouvoir travailler dans ce domaine et questionnent sur les conditions de travail.

 III. Formation

La formation et les qualifications sont essentielles à la réalisation des projets et à la création d’une nouvelle filière industrielle en France. Il est donc nécessaire d’adapter à l’éolien en mer des formations déjà existantes dans le Grand Ouest (électromécanique, mécanique…) et relancer d’autres formations en leur offrant un avenir comme la chaudronnerie.

Par exemple, le consortium Ailes et Marines mène plusieurs initiatives depuis 2011 en collaboration avec le Conseil Régional de Bretagne pour la formation initiale et continue.

Le développement de la filière dans le Grand Ouest s’accompagnera de la promotion des métiers de l’éolien chez les jeunes et peut être de la création de formations spécifiques. Comme la région de Toulouse est un pôle majeur de l’aéronautique en France avec des entreprises de pointes dans le domaine et des écoles spécialisés ; les régions Ouest pourraient connaitre le même rayonnement pour l’éolien offshore.

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