Impact économique

 

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L’organisation des évènements sportifs implique de lourds investissements de la part du pays ou de la ville hôte. Il faut réorganiser les lieux concernés, développer les transports, construire les infrastructures sportives nécessaires, autant de besoins qui nécessitent un budget très important. Avant d’organiser un évènement sportif, il faut donc examiner les retombées économiques afin de faire des bénéfices ou, dans le pire des cas, minimiser les pertes.

Selon Peter Oppenheimer, stratégiste chez Goldman Sachs International, « Jouer [une] Coupe du monde comme un thème d’investissement est très difficile, car les variables à prendre en compte sont nombreuses et certaines ne peuvent pas être anticipées », (Alcaraz, 2014). Les statisticiens affirment qu’il est difficile de mesurer la rentabilité de ces évènements car trop de facteurs entrent en jeu. Seul l’impact à court terme peut être mesuré avec précision.

Les journalistes s’attardent le plus souvent sur cette question de rentabilité. Ils s’accordent tous à dire qu’il y a un gouffre entre la rentabilité ex-ante et la rentabilité post-ante. Il n’est pas rare que les stades ou les aéroports coutent jusqu’à 3 fois plus chers que le prix estimé. Ce qui peut différer dans leurs discours est la façon dont ils interprètent cet écart. Pour certains cela traduit le fait que l’organisation de tels évènements, du moins dans des pays où les infrastructures n’existent pas déjà, est néfaste pour le pays hôte. D’autres se posent la question de la rentabilité qui n’est pas quantifiable, c’est à dire les retombées économiques qui seront engendrées par une augmentation de la fréquentation touristique ou encore celle de l’exportation des produits nationaux.

En effet, l’impact économique des évènements sportifs est de loin le plus discutable. Il existe aujourd’hui plusieurs modèles permettant d’évaluer ou de mesurer cet impact. Nous vous invitons à prendre connaissance de ces méthodes dans l’onglet « Modèles économiques ». Or quelque soit l’évènement étudié, les expertises ex-post et ex-ante diffèrent considérablement. Il apparaît ainsi que les évènements sportifs ne sont pas rentables à moyen et long terme. Dans son rapport à M. Nicolas Sarkozy, M Philippe Augier dénonce  « Le phénomène d’évaluation optimiste – voire de surévaluation – [qui] se retrouve particulièrement dans le monde sportif : très fréquemment, des bilans flatteurs de retombées économiques et minimalistes des coûtes induits sont présentés pour inciter à déposer une candidature. Par contre, la mesure des retombées réelles est rarement réalisée. »  Comme l’explique le scientifique Wladimir Andreff, professeur émérite à Paris I, les analystes réalisant les études de rentabilité de l’organisation d’un événement sportif ont tout intérêt à publier une rentabilité élevée, car cela va leur apporter de nouveaux clients lors des prochaines candidatures

Durant l’évènement et les quelques semaines qui suivent, le pays hôte connaît une légère croissance économique : la présence de nombreux touristes booste l’économie locale et l’évènement permet de favoriser les échanges entre les entreprises nationales et des clients potentiels. Cependant, les économistes soulignent que ce bénéfice éphémère est toujours suivi d’un ralentissement économique responsable de la perte à moyen terme des évènements. « L’impact sur les marchés a tendance à être de courte durée » (Alcaraz, 2014). La perte à long terme, quant à elle, provient du coût d’entretien des infrastructures et des nouveaux transports mis en place.

Image imp eco 2Afin de maximiser le profit lié à l’événement, différentes politiques peuvent être retenues. Les organisateurs devront actionner les bons leviers aux bons moments. Avec les JO de Pékin en 2008, la Chine s’est concentrée sur le tourisme, c’est-à-dire sur un impact à long terme et une attractivité plus grande. Pour la Coupe du Monde de Football en 2014 à Rio, le Brésil s’est tourné vers une valorisation du commerce à l’international en promouvant les échanges avec les entreprises brésiliennes. Selon l’article (Brésil : les malheurs de la Selecao n’ont pas empêché les affaires pendant le mondial) le mondial a permis aux entrepreneurs brésiliens de développer des relations de confiance avec l’extérieur via une communication privilégiée créée et financée par l’Etat. D’importants flux monétaires ont été enregistrés, reflétant les échanges favorisés par la coupe. Le partenariat FIFA – APEX (Agence gouvernementale de promotion des exportations et investissements) a fortement contribué à cet apport. Ceci démontre les relations très étroites entre les fédérations sportives et les Etats, dont le but est de maximiser le bénéfice.

Cependant, ce même article ne fait pas état du bilan économique pour l’Etat: s’est-il endetté davantage? A-t-il vraiment gagné quelque chose? En effet, l’article de BSI Economics évoque une dépense de 15 milliards d’euros contre 4,45 milliards d’euros d’apport par exportation.  La population a-t-elle profité de ce développement soudain? Les entreprises ont certes accueilli le mondial comme une aubaine comme le montre le développement stratégique de GL Events dans l’article de Martine Robert. Il reste à voir si le profit engendré a été réparti convenablement entre les différents acteurs et si le progrès créé va être bénéfique sur le long terme.

Pour synthétiser, on observe d’un côté l’Etat qui enregistre à court terme des pertes conséquentes et de l’autre les entreprises locales pour qui ces évènements permettent une communication plus ample, et donc une croissance plus importante sur le long terme. Or l’Etat étant le principal bénéficiaire d’une circulation privilégiée d’argent dans ces entreprises, il serait logique qu’il soit bénéficiaire sur le long terme. Mais les économistes démontrent le contraire en analysant le marché. Pour Victor Matheson, « On prend les estimations de retombées des organisateurs et on déplace la virgule d’un chiffre vers la gauche. ». En parallèle, les stratégistes sont clairs : on ne peut pas mesurer des retombées économiques aussi loin  dans le temps.

Image imp ecoL’appât du gain est en fait le principal moteur de ce débat comme l’explique l’article du Parisien Economie « Jackpot garanti pour les sponsors de la Coupe du monde ». Pour les entreprises, la coupe du monde de rugby de 2007, dont il est question, est l’occasion de faire campagne auprès d’un public différent de celui du foot et est donc plus intéressant économiquement parlant. Enfin, derrière le match sportif entre les équipes se cache la guerre économique entre leurs sponsors, chacun comptant sur son équipe favorite pour améliorer son activité post-tournoi.

En ce qui concerne la population, elle n’est pas indifférente à l’impact économique et on ne pourrait justifier l’organisation de ces évènements uniquement à partir d’un argument de publicité positive et de bien être social. L’article scientifique The impact of the 2002 World Cup on South Korea: comparisons of pre- and post-games montre que la dimension économique est une préoccupation majeure.