Le projet de Lafarge et d’Italcementi et la première apparition de Peuple des Dunes
Un exemple d’exploitation de sables marins siliceux en France

Le projet de Lafarge et d’Italcementi et la première apparition de Peuple des Dunes

Le 3 mai 2005, le ministère de l’Economie et des Finances accorde un permis d’exploration exclusif de recherche de sables et graviers siliceux marins à un groupement d’entreprises (filiales des groupes Lafarge Granulats et Italcementi). Ce permis d’exploration, d’une durée de deux ans, s’étend sur une superficie de 16,2 km² par 12 mètres de fond le long du littoral entre Groix et Belle-Ile (Gâvres et Quiberon) et pourrait déboucher sur une concession accordée pour une durée de 50 ans, avec un prélèvement annuel de 500 000 tonnes (plus tard, en 2007, on parle de 600 000 tonnes par an pendant 30 ans). Rapidement, le projet fait bondir plusieurs associations dont l’association gâvroise de protection du littoral (ASPLPG) qui dépose un recours auprès du tribunal de Paris en juillet. Les associations font valoir que les plages perdent déjà naturellement du sable et que les forages de prospection eux-mêmes vont chahuter les fonds marins, perturbant ainsi l’écosystème local. L’ASPLPG remet aussi en cause la procédure en dénonçant l’absence de réunion de commission compétente et l’absence d’étude d’incidence.[1]

En 2006, constatant la difficulté de se faire entendre dans le cadre de la procédure officielle, l’ASPLPG décide de mobiliser l’opinion publique en diffusant un message d’alerte relayé par d’autres associations. Le 28 décembre 2006, au cours d’une réunion entre plusieurs associations dont l’ASPLPG, est décidé la création d’un collectif portant le nom de « Peuple des Dunes ». Ce sont au total 142 associations bretonnes qui se réunissent sous cette bannière. Le 25 mars 2007, moment fort pour le collectif, 12 000 personnes  se rassemblent sur la plage d’Erdeven pour protester contre le projet des cimentiers Lafarge et Italcementi. L’information est relayée le soir-même dans les journaux télévisés de TF1 et France 2.

Mieux Vivre au pays de Lorient, membre du collectif  Peuple des dunes déclare à propos du projet [2]:

Opposer l’environnement en terme d’emploi à l’activité économique est un leurre trop souvent agité par les décideurs de tous bords. Combien d’emplois supprimés par l’activité de dragage ? Combien d’emplois créés par la même activité ? Une chose est certaine la destruction du milieu marin et alentours.

Le collectif oppose aux arguments de Lafarge, concernant la mise en péril de milliers d’emplois liés au bâtiment, la mise en péril des emplois des pêcheurs, des activités touristiques et d’autres activités liées à la zone, ainsi que la dégradation de tout l’environnement avoisinant. En juillet 2009, le groupe Lafarge abandonne son projet d’exploitation de sable entre les plages d’Erdeven-Plouhinec et Groix. La mobilisation suscitée par Peuple des dunes, son action judiciaire et l’avis défavorable du préfet maritime ont eu raison du projet autour du permis d’exploitation de recherche, d’ailleurs rendu caduque par la justice fin 2008.[3]

Un exemple d’exploitation de sables marins siliceux en France

Un peu au sud de la Bretagne, à 13 km au large de la ville des Sables d’Olonne, un gisement est exploité depuis 2002. Identifié depuis 1977, il avait fait l’objet d’une demande d’extraction en 1991, accordée en 1997 avant d’être suspendue dans laa foulée par le tribunal administratif pour plusieurs années. En raison des nouvelles lois, les deux sociétés exploitantes (Lafarge, groupe qui gère près de 600 carrières dans le monde et DTM, entreprise de la Rochelle détenue par Libaud et GSM) présentent en janvier 2009 une demande de concession pour 18 ans et un total de 5 millions de mètres cubes. Le site en question est très localisé (1km²) et n’est pas une zone de fraie ni une zone nourricière mais les associations ont néanmoins exprimé leur inquiétude. La concession de granulats marins dite « du Payré » est accordée par décret [4] le 12 novembre 2013 avec des volumes annuels limités à 350 000 mètres cubes par an. Le sable extrait, de type siliceux, est destiné à faire du béton. Enfin, même s’il existe une opposition à l’exploitation émanant, par exemple, de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) qui déplore qu’aucune mesure ne soit prévue pour compenser les impacts sur la biodiversité, cette opposition est beaucoup plus nuancée qu’à Noirmoutier où le total des demandes d’exploitation couvre plus de 20 km². [5]

 

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(1) L’association de sauvegarde et de protection du littoral de Gâvres s’oppose aux projets de cimenterie à Kergroise et d’extraction de sable marin entre Gâvres et Quiberon, Le Télégramme Bretagne, Région de Lorient. (11 août 2015)

(2) Extraction de sable, mobilisation généraleOuest-France, p.9. (22 mars 2007)

(3) Lafarge abandonne son projet controversé d’extraction de sable entre les plages d’Erdeven-Plouhinec et Groix, Le Télégramme Bretagne, Morbihan. (4 juillet 2009).

(4) AYRAULT Jean-Marc, Décret du 12 novembre 2013 accordant la concession de granulats marins dite « du Payré », au large des côtes du département de la Vendée, aux sociétés Dragages-transports et travaux maritimes (DTM) et Lafarge Granulats Ouestgouv.fr. (14 novembre 2013). Disponible ici

(5) Au large, on extrait le sable par millions de m3, Ouest-France, Pays de la Loire. (9 novembre 2010).