Instabilité

Le HFT apporte t-il de l’instabilité ? Les marchés automatisés de trading haute fréquence sont-ils moins stables que des marchés avec une intervention humaine plus importante?

Les algorithmes de trading haute fréquence pourraient-ils être pris dans une logique de mimétisme, où ils accroissent les déséquilibres au lieu de les dissoudre et les résorber ?

 

Les questions sur la stabilité du marché sont généralement complexes, car l’instabilité survient souvent sous la forme de rares mouvements de prix importants. Théoriquement, les algorithmes d’échanges écrits par des humains pourraient être moins efficaces pour maintenir la stabilité des marchés par rapport à l’homme parce que les règles de décision des algorithmes doivent être précisément codées. Si les circonstances du marché dépassent celles pour lesquelles les algorithmes ont été conçus alors ces derniers pourraient présenter un comportement inattendu. Pour cette raison, il arrive que certaines entreprises de HFT cessent leur activité dans des conditions de marché turbulentes, ce qui pourrait exacerber la volatilité. Néanmoins, les émotions humaines peuvent aussi exacerber la volatilité en provoquant une réaction excessive à des conditions incertaines. (Terrence Hendershott, 2011)

Empiriquement, les événements sur le 6 mai 2010 aux Etats-Unis ont été utilisés comme un exemple de l’instabilité du HFT. Par exemple, Kirilenko, Kyle, Samadi, et Tuzun (2011) suggèrent que le HFT a exacerbé la volatilité du marché ce jour-là. D’autre part, ce genre d’événements érode la confiance des acteurs. Ce « krach éclair », du 6 mai 2010, a par exemple vu le Dow Jones chuter de 600 points en quelques minutes, éliminant environ 800 milliards de dollars en valeur, puis recouvrer presque toutes ces pertes en quelques dizaines de minutes. Cet événement, bien qu’ayant duré moins d’un jour, a contribué à suffisamment éroder la confiance des investisseurs pour être suivi par plusieurs mois consécutifs de sorties des fonds communs de placement aux Etats-Unis.

Toutefois, la conclusion de Kirilenko, Kyle, Samadi, et Tuzun exige de considérer des hypothèses non vérifiables sur la façon dont le marché se serait comporté en l’absence d’HFT. D’autre part, le 6 mai 2010 restera un crash relativement faible par rapport au comportement des marchés financiers entre le 19 et le 22 octobre 1987. En 1987, d’énormes variations des prix ont duré pendant des jours et ont été transmises à travers le monde. On peut affirmer que le 6 mai 2010 n’aurait jamais eu lieu sans HFT. Mais de la même façon, on peut affirmer que octobre 1987 aurait été un bref accident si le HFT avait été répandu. Deux événements, de deux périodes différentes de l’histoire, sont peu susceptibles de fournir des preuves suffisantes pour soutenir quelque affirmation que ce soit.

Certains défenseurs du point HFT insistent sur le fait que nous avons déjà eu un flash crash en mai 1962, avant que le trading haute fréquence n’apparaisse. On peut en effet déceler des similitudes. Même si cela prouve que des flash crashs peuvent se produire sans HFT, la question est de savoir si le HFT a augmenté la probabilité de survenue de ces crashs. Aucune étude ne nous a permis de conclure que c’est effectivement le cas.

 

 

 

Ci dessus : Les différents indices boursiers le 6 mai 2010 dont le célèbre S&P500 (indice boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées sur les bourses américaines)

Ci dessous : L’indice de volatilité au Chicago Board Exchange tutoyant le ciel lors du flash crash.

 

 

Le HFT va-t-il à l’encontre de l’efficience des marchés ? Ou au contraire, les marchés automatisés de HFT sont-ils plus efficients que des marchés avec une intervention humaine plus importante?