Comment la communication faite autour du Gardasil – publicité, presse, publications scientifiques- a-t-elle façonné la controverse actuelle ?

La communication dans le domaine de la santé est un sujet extrêmement délicat, notamment en ce qui concerne la publicité, car le comportement des gens vis-à- vis des médicaments est en jeu, et par là même, leur propre santé. Une juste politique de santé publique doit conduire à l’adéquation entre l’état de santé de la personne et le traitement, chose rendue difficile lorsque le raisonnement est biaisé par la publicité. En effet, Claude Béraud le rappelle, « La médecine, c’est très dangereux. Quand vous allez chez un médecin, vous courez un risque. Il faut apprécier le bénéfice/risque ».

D’après le Guide de la vaccination 2012 publié par l’INPES, la publicité auprès du public pour un médicament n’est admise qu’à la condition que ce médicament ne soit pas soumis à prescription médicale, qu’aucune de ses différentes présentations ne soit remboursable par les régimes obligatoires d’Assurance Maladie et que l’autorisation de mise sur le marché ou l’enregistrement ne comporte pas d’interdiction ou de restrictions en matière de publicité auprès du public en raison d’un risque possible pour la santé publique.

Toutefois, les campagnes publicitaires pour des vaccins peuvent s’adresser au public. Dans ce cas, la publicité est soumise à une autorisation préalable de l’Afssaps, dénommée visa de publicité, après avis de la Commission du contrôle de la publicité et de la diffusion des recommandations sur le bon usage du médicament, placée auprès du directeur général de l’Afssaps. Elle doit être assortie de façon clairement identifiée de mentions minimales in extenso, facilement audibles et lisibles que le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) détermine sur la base de ses avis et ayant pour objet de rappeler les populations cibles du vaccin concerné.

Cette procédure est en cours de révision dans le cadre de la loi sur le médicament. A ce sujet, il convient de noter que les spots publicitaires sur le Gardasil sont interdits le 22 septembre 2010 au motif que : « En l'état actuel des données, il n'y a pas d'étude démontrant un effet préventif de la vaccination sur la survenue des cancers, le délai entre l'infection et l'apparition d'un cancer invasif étant estimé de quinze à vingt-cinq ans ». Pour autant, les publications scientifiques à ce sujet n’ont cessé de se multiplier, comme le suggèrent les graphes suivants, présentant le nombre annuel de publications dans la base de données Science Direct pour différents mot-clés.

Quelques titres des articles publiés dans Le Monde révèlent la teneur plus qu’alarmiste du message diffusé par la presse au grand public, appuyant la potentielle dangerosité de ce vaccin placé sous surveillance.

Résumons-nous : d’une part, la publicité invasive de Gardasil fait peur aux mères des jeunes filles en âge d’être vaccinées, en les rendant responsables du futur cancer de leur fille. D’autre part, la presse, amplifiant les événements liés à la sécurité du vaccin, finit par le diaboliser après l’avoir présenté comme miraculeux. Du côté de la population, la controverse se noue dans un climat d’angoisse.

Les revues médicales comme Le Quotidien du Médecin, ou Prescrire, totalement indépendante, se montrent moins prolixes, mais scientifiquement bien mieux informées.

Cette dernière revue est capitale pour l’information des médecins. Malheureusement  « Les médecins, en règle générale, ils manquent beaucoup d’informations. Ils ne sont pas abonnés à Prescrire, ou il y en a très peu » déplore Claude Béraud. Beaucoup fondent leurs connaissances sur les informations délivrées par les visiteurs médicaux. Ceux-ci visitent les hôpitaux et les cabinets médicaux en vantant les mérites de nouveaux médicaments et sont payés par les laboratoires concernés. Par conséquent, ces informations sont naturellement biaisées.