Le démantèlement du barrage de Poutès sur la Loire est un exemple de démantèlement de barrage hydroélectrique en cours. Ce démantèlement est une mesure phare décidée au Grenelle de l’Environnement dans la convention pour une hydroélectricité durable signée le 23 juin 2010 par le gouvernement.

Le nouveau barrage sera reconstruit dans une nouvelle configuration qui abaisse sa hauteur de 17 à 4 mètres tout en conservant 85 % à 90 % de la production de la centrale hydroélectrique de Minestrol-d’Allier, soit 70,4 GWh /an. Les ingénieurs l’ont même pensé totalement effaçable en cas de besoin et équipé d’ouvrages de franchissement pour les salmonidés.

 

Le barrage de Poutès actuellement et après les travaux prévus par l’État. Source rivernet.org

L’impact environnemental du barrage de Poutès construit en 1941 sur le Haut Allier est en effet dénoncé depuis des années par les acteurs locaux, pêcheurs, élus et surtout, associations environnementales. En bloquant la migration des saumons vers les frayères – zones de galets où se reproduisent les saumons – situées en amont en Haute-Loire, sa présence a été responsable de la quasi-disparition de la souche du saumon sauvage de la Loire dans les années 1990. (Source : Hydroplus « Poutès, un compromis gagnant-gagnant », le 1^er Novembre 2011, p.16)

Cette décision avait été considérée comme une grande victoire pour les écologistes défendant le plan « Loire grandeur nature » lancé en 1994 pour restaurer l’équilibre écologique du fleuve et permettre un retour du saumon.

Le saumon a vu ses effectifs fondre de 99% depuis 1890, de 40.000 à quelques dizaines en 1994. « C’était la richesse de la vallée, on venait le pêcher de partout », témoigne Jean-Pierre Vigier, maire de Lavote-Chilhac. Et de raconter son dernier saumon, en 1994, « doré, magnifique, un louis d’or. » (Source Agence France Presse, 4 avril 2005).

Il également intéressant de remarquer qu’en 2005, il existait une controverse similaire à celle concernant le démantèlement des barrages de la Sélune à propos du barrage de Poutès. À cette époque, Didier Meyerfeld, en charge de l’hydroélectricité à EDF, déclarait : « il n’y a pas de raison de détruire Poutès, qui produit une énergie propre, alors que les saumons passent« . (Source Agence France Presse, 4 avril 2005).

Alors que les travaux du barrage de Poutès ont commencé, certains défendent encore une destruction totale du barrage. L’effacement complet du barrage de Poutès constitue selon l’UICN – l’ Union Internationale pour la Conservation de la Nature – la meilleure solution pour le rétablissement de la continuité écologique de l’axe Loire-Allier, la sauvegarde du Saumon atlantique (espèce menacée de la Liste rouge nationale) et d’autres poissons migrateurs, ainsi que le respect des engagements européens de la France notamment la directive Habitats Faune Flore. (Source NEWS Press, Samedi 2 Juillet 2011).

Il y a également eu d’autres cas de démantèlement de barrages en France comme le démantèlement du barrage de Kernansquillec sur le Léguer, dans les Côtes d’Armor qui a permis le retour du saumon de l’Atlantique. De plus, l’effacement du barrage de Maisons-Rouges au confluent de la Vienne et de la Creuse a permis le retour d’aloses et de lamproies maritimes. Plus d’informations ici.

Toutefois, le démantèlement des barrages de la Sélune constituerait une première en Europe. En effet, les précédents barrages démantelés étaient d’une ampleur bien moins importante.

Pour plus d’informations sur les différents exemples de barrages modifiés et démantelés en France et dans le monde, il est possible de consulter les retours d’expérience sur les opérations de démantèlement réalisés par la DDTM de la Manche.