L’affaire Outreau : un premier pas vers la décrédibilisation de la parole de l’enfant ?

L’affaire Outreau est une affaire de pédophilie qui a défrayé la chronique dans les années 2000, et qui a eu un effet important sur la question du SAP en France, notamment parce qu’elle a remis en question la crédibilité de la parole de l’enfant, en allant à l’encontre des témoignages des victimes.

 

Les Faits

2000

Première accusation

2001

Début de l'enquête

2004

Premier procès

2005

Mme Badaoui innocente presque tous les accusés
Acquittement de six autres accusés

2015

Procès d'Outreau III

 

La parole de l’enfant dans l’affaire Outreau

Lors des procès, de nombreux témoignages d’enfants victimes ont été entendus par des psychiatres, et la plupart d’entre eux avaient été reconnus comme « crédibles » par les experts lors de l’instruction. Ainsi, le verdict a reconnu ces enfants comme victimes d’abus sexuels.

Pourtant, de nombreux accusés – dont Daniel Legrand fils – ont été acquittés alors que des témoignages d’enfant les désignaient directement.  Paul Bensussan, psychiatre, avait remis en question la fiabilité de ces accusations, en affirmant qu’un enfant peut très bien fabuler. Selon lui, si l’enfant ne parle pas spontanément, et subit un interrogatoire poussé, il peut même finir par croire sincèrement qu’il a été victime d’abus sexuel. L’avocat général avait alors qualifié les témoignages  des « faux souvenirs » ou de « souvenirs reconstruits », décrédibilisant ainsi la parole de l’enfant.

Maurice Berger pédopsychiatre et psychanalyste, s’est lui insurgé contre cette négation de la crédibilité de l’enfant après le verdict du troisième procès Outreau. Il a notamment écrit des articles pour prendre le contrepied du docteur Bensussan. Selon des études qu’il a réalisé, la plupart des enfants ne se livrent pas directement, et il est nécéssaire d’établir un lien de confiance avec eux avant qu’ils osent se déclarer victime : il nie ainsi l’idée de « souvenir induit ».

Cette remise en cause de la parole de l’enfant dans l’affaire Outreau aura en tout cas eu pour effet de créer un précédent que Jean-Pierre Rosenszweig, ex-président du tribunal pour enfants de Bobigny,  qualifie de néfaste. Selon lui le procès a   » répandu l’idée qu’il serait dangereux d’écouter la parole d’un enfant  » . En effet, la crainte de dénonciation abusive pour des faits graves (viol, pédophilie …) peut pousser à douter des accusations d’enfant. 

Ce doute systématique, parfois appelé « syndrome Outreau » a fait surgir en France la question du Syndrome d’Aliénation parentale.

 Le SAP, la négation de la parole de l’enfant ? →