Quantification

L’objectif de cette partie est de répondre aux trois questions suivantes :

 

Question 1: Quelle a été la qualification des faits dans les différents ouvrages parus sur le sujet au fil des années ?

Il s’agit de savoir si le mot de génocide a toujours fait consensus où si l’usage de ce terme n’est que récent. Par ailleurs, est ce que d’autres qualificatifs comme massacres ou holocauste ont été utilisés et sont encore utilisés. Pour y répondre, nous avons simplement eu recours à Google ngram viewer et nous avons dressé deux graphes : l’un en anglais et l’autre en français. On remarque que le qualificatif de « massacres arméniens » a été très utilisé et reste très répandus dans le monde anglophone tandis qu’il n’a jamais vraiment été utilisé en France. Le qualificatif « holocauste » est encore moins répandu. Cependant, le début des années 80 a vu le début de l’usage quasi unanime de « génocide arménien » pour désigner les faits.

Par ailleurs lorsqu’on recherche sur la base de presse Lexis Nexis :

-« génocide arménien » : environ 3000 résultats

-« massacres arméniens » : 268 résultats

-« holocauste arménien » : 2 résultats

Sur INA (site des archives audiovisuelles français) :

-« génocide arménien » : 37 résultats

-« massacres arméniens » : 8 résultats

-« holocauste arménien » : 0 résultats

Ces résultats sont cohérents.

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Question 2 : Peut-on dégager une chronologie des interventions dans la presse selon la nature des protagonistes depuis le début des années 2000 ?

Notre controverse possède la spécificité de s’étaler dans le temps. En 2001, la droite et la gauche parlementaire ont voté à l’unanimité une loi réduite à un article : « la République française reconnaît le génocide arménien ». En 2006, peu avant l’élection présidentielle, le PS a fait de la surenchère en tentant de pénaliser la « négation » du génocide. Il y a échoué et son texte a été prestement enterré par Nicolas Sarkozy soucieux de restaurer de bonnes relations avec la Turquie. Mais avant l’élection présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy lui-même a relancé le projet pour retrouver la faveur de l’électorat d’origine arménienne mais celui-ci a été bloqué par le Conseil constitutionnel. Et il semble que le nouveau président ait à nouveau des velléités de rediscuter un projet de loi visant à pénaliser le négationnisme. Au sein de ces multiples évènement, il serait intéressant de voir qui est intervenu et quand. Il n’est cependant pas sûr que nous arrivions à dégager une réelle tendance. Afin d’y répondre nous avons effectué sur Lexis Nexis la recherche « génocide arménien »+ »loi », en spécifiant que ces deux mots ne doivent apparaître que dans le titre de l’article pour limiter le nombre de résultats, nous avons épluché les résultats à la loupe (237 articles) afin de dresser un graphe avec le temps en abscisse allant de 2000 à 2012 et 5 courbes en nuage de point représentant le nombre d’article trouvé selon le type d’acteur (historiens, législateurs, diplomates, philosophes, associations arméniennes). Les résultats sont ci-dessous :

*Par diplomate, on entend tous ceux qui mettent en avant des arguments d’ordre exclusivement diplomatique ; il peut s’agir des gouvernements turques et français, des ambassadeurs, des entrepreneurs…

 

On constate que l’on a deux grands acteurs qui se distinguent  par le volume d’intervention : les législateurs et les diplomates. Cependant, ce sont les législateurs qui mènent les débats et entraînent les autres acteurs périodiquement à la faveur de la volonté politique de remettre la question arménienne sur la scène du débat parlementaire. Diplomates, philosophes et associations arméniennes régissent dans la presse en fonction de cela. On retrouve les 3 grands moments du débat sur la loi et le génocide : 2001, 2006 et 2012 avec des creux entre. La voix des historiens, des philosophes et des associations arméniennes semble porter moins que celle des législateurs et des diplomates dans la presse, mais cela n’est peut-être qu’en apparence quand on sait que les associations arméniennes exercent une pression importante sur les gouvernements et les partis pour faire passer la loi.

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Question 3 : Comment se déploie et s’organise la controverse sur le web ?

 Nous avons tenté d’effectuer une cartographie du web permettant de répondre à cet question. Il ressort de nos recherches que le web n’est pas le principal lieu de déploiement des débats. On y trouve surtout des articles faisant état de la progression des débats mais les acteurs demeurent assez discrets.


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