Du protocole à l’expérience de terrain

Dans la leçon inaugurale de son cours au sein de la chaire « Savoirs contre Pauvreté » du Collège de France, Esther Duflo juge que « l’expérimentation doit être une expérience scientifique ». À lire ce que déclare la chercheuse dans le livre Repenser la pauvreté[ref] qu’elle publie quelques années plus tard – « les études dont nous nous sommes servis ont en commun un haut degré de rigueur scientifique […] » – cette aspiration semble avoir été satisfaite. Pourtant, cette vision n’est pas unanimement partagée au sein de la communauté de l’aide au développement, et la rigueur méthodologique des RCT est  souvent mise en question, comme l’explique Catherine Laurent et al. dans l’article Pourquoi s’intéresser à la notion d’evidence-based policy[ref] :

« […] selon l’approche théorique, selon la discipline, selon l’objet traité, il est plus ou moins facile de construire des preuves de niveau élevé et le statut de méthode de référence (« gold standard ») des résultats obtenus grâce à des essais randomisés contrôlés est source de nombreuses controverses. »

Dans les deux premières parties, Mesurer un effet et Transformer des êtres humains en sujets d’expérience, nous verrons essentiellement des économistes s’affronter sur des questions méthodologiques. La sous partie Enjeux éthiques permettra toutefois d’aborder les questions éthiques qui accompagnent la réalisation d’une expérience randomisée. Enfin, nous détaillerons comment la mise en pratique de l’expérience sur le terrain entraine des écarts au protocole dans Un suivi du protocole parfois partiel ?.

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