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Notre troisième entretien a été réalisé avec Jean-Pierre Crouzat administrateur de la Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature (FRAPNA) en Haute-Savoie. Il explique clairement sa position et celle de sa fédération : ils sont opposés à l’abattage qu’ils considèrent comme une solution « simpliste » pour un problème complexe.

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« Nous sommes opposés au fait que des solutions simplistes soient adoptées pour résoudre des problèmes de société complexes. Dans le cas des bouquetins du Bargy, on propose l’éradication d’une population d’animaux protégés pour protéger des intérêts économiques. »

 Par la suite, il explique les défauts de cette solution : les animaux les plus âgés ayant été abattus, cela a conduit a désorganisation de la structure des hardes, car ce sont les animaux dominants qui ont été abattus, donnant ainsi accès à la reproduction à de jeunes bouquetins faisant passant la contamination de 15% à 45%. En effet, comme la structure de la harde s’établit en été et en automne, lorsque les premiers tirs ont eu lieu, en automne, cela a entraîné une désorganisation au moment du rut qui conduisit à une dispersion de la bactérie et à une augmentation du taux de prévalence de la Brucellose

M. Crouzat détaille par la suite l’engagement qui a suivi en faveur du bouquetin dans la région. De nombreuses associations se sont formées. Les membres de ces associations, des bénévoles, des accompagnateurs en montagnes ont bivouaqué dans le massif du Bargy afin de surveiller la zone et d’empêcher les gardes de l’ONCFS d’abattre davantage de bouquetins. Parallèlement, la FRAPNA et d’autres associations ont saisi l’ANSES qui a en conséquence lancé un appel à expert pour mener une étude. Cette étude a pour but de modéliser l’impact de l’abattage. Différents scénarii sont modélisés pour être comparés à la situation actuelle.

 « L’Etat estime ne pas avoir les moyens, en temps et en argent, de s’occuper de la totalité des bouquetins du Bargy. L’idée est donc d’effectuer les tests de dépistage sur seulement cent animaux sur 350, de garder un échantillon d’animaux sains et d’abattre tout le reste. »

Pour la FRAPNA, le préfet a agi en totale connaissance de cause concernant la déstructuration des hardes de bouquetins sauvages puisque ce dernier avait été informé par la DDPP (Direction Départementale de Protection des Populations) en revanche, il est aussi sous pression des fédérations agricoles, d’un certain nombre de parlementaires et des fédérations de chasse. La FRAPNA est par ailleurs opposé à la vision des chasseurs qui se veulent régulateurs de la faune sauvage.

« La stratégie des fédérations de chasse vis à vis de la faune sauvage affirme que l’homme est le prédateur de plus haut niveau, les chasseurs sont alors là pour réguler la faune sauvage et protéger la société civile de la prolifération de certaines espèces. »

Pour les chasseurs, selon M. Crouzat, si le bouquetin n’était pas une espèce protégée, la chasse aurait permis de réguler la population de bouquetin et d’éviter l’épizootie. Leur revendications sont de faire retirer au bouquetin son statut d’espèce protégée et de faire des sociétés de chasses des régulateurs de la population de bouquetins. La FRAPNA et tout les militants écologistes sont vivement opposés à ces revendications notamment parce que la stratégie de fuite du bouquetin, qui consiste à se mettre à l’abri des loups ou autres carnivores dans des grandes falaises, immobile, le rend très facile à abattre au moyen d’armes à feu.

 « Les critères qui président à la sélection des animaux à abattre par les chasseurs ne sont pas scientifiques, mais basés sur la beauté des trophées, particulièrement recherchés lorsqu’il s’agit de bouquetins. Un trophée de bouquetin se vend actuellement entre 6000 et 20 000 euros sur le marché noir. »

Selon M. Crouzat, Il est faux de dire que si les chasseurs avaient régulé la population de bouquetins, l’épizootie de brucellose aurait été évitée. En treize ans il n’y a eu qu’un cas de transmission, donc la probabilité de transmission interspécifique est infinitésimale.

« Durant l’été 2014, il y avait au dessus du col de la Colombière 800 moutons et 80 chèvres qui pâturaient sur des alpages où évoluaient également des dizaines de bouquetins de tous âges, dont certains séropositifs, et il n’y a eu aucune transmission. »

Pour la FRAPNA, un seul avis prévaut, celui des experts, qui n’ont jamais été aussi aussi nombreux à travailler sur le sujet, et ne pas se précipiter dans la solution simpliste de l’abattage total. La FRAPNA regrette le fait que la solution consistant à garder les animaux sains et à abattre les séropositifs semble convenir tout le monde mais que les discussions n’aboutissent pas car elles n’ont pas lieu avec des interlocuteurs désireux d’aboutir à un compromis mais avec des fédérations aux opinions particulièrement radicales.

« On n’est plus dans un petit problème local, mais dans une problématique sociétale, politique, économique, scientifique complexe et ce n’est pas de tirer dans le tas qui résoudra le problème. »

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Nous avons constaté le rôle primordial de la FRAPNA, dont vous êtes administrateur et c’est pourquoi nous aimerions connaître votre point de vue sur la controverse. Pouvez-vous commencer par faire un résumé des évènements passés concernant la polémique de la brucellose dans le Bargy et éclaircir les fondements de votre position sur la question ? 
Jean-Pierre Crouzat : 
Nous sommes opposés au fait que des solutions simplistes soient adoptées pour résoudre des problèmes de société complexes. Dans le cas des bouquetins du Bargy, on propose l’éradication d’une population d’animaux protégés pour protéger des intérêts économiques. En 2012, les pouvoirs publiques ont du s’appuyer sur un certain nombre d’études pour mettre en évidence un lien possible avec les bouquetins. Or, cette population étant non chassable et non suivie, ce fut une surprise pour tous. Le dernier cas remontant à 1999, pendant treize ans la bactérie ne s’est pas manifestée et a ressurgi en 2012. Les scientifiques en ont conclu que les hardes de bouquetins avaient constitué un réservoir silencieux pour la bactérie, sans aucune contamination interspécifique durant toute cette période. Immédiatement, le préfet a demandé au ministre de l’écologie une dérogation pour destruction d’espèce protégée afin de pouvoir éradiquer l’ensemble de la population de bouquetins du massif, sous pression de la FDSEA et de la filière de production de reblochon fermier. Le ministre a répondu avec une autorisation d’abattage massif, qui a eu lieu en octobre 2013. 197 animaux ont été tués par une équipe de tireurs d’élite et les carcasses ont été évacuées par hélicoptère. Aucun contrôle n’a été effectué sur les animaux abattus avant qu’ils ne soient transformés en farines animales. Lorsque nous avons été invité par le préfet au PC de commandement des opérations monté comme celui des opérations militaires, nous avons immédiatement demandé à ce que des analyses soient menées sur les carcasses d’animaux porteurs de la brucellose, ce qui nous a été refusé. Ces abattages ont été menés par tranches d’âge, sans distinguer le fait qu’ils soient infectés ou non.

L’ANSES avait fait un rapport en urgence à l’été 2013, où il y avait une évaluation rapide de l’abattage total, par tranches d’âge, sélectif et sur cette base, le préfet a demandé l’abattage. Il y a eu un arbitrage interministériel entre le cabinet du premier ministre et le ministère de l’Écologie. Cela a abouti à l’abattage des animaux de cinq ans et plus. On peut parler d’arbitrage socio-politique car on s’est rendu compte, après l’opération que l’abattage des animaux les plus âgés conduisait à une désorganisation de la structure des hardes car ce sont les animaux dominants (séropositifs ou non) qui ont été abattus. Cela a donné accès à la reproduction pour nombre de jeunes bouquetins. Ainsi, la contamination chez les jeunes est ainsi passée de 15 à 45 %. Par ailleurs, chez les femelles, la croissance des cornes des femelles est très lente, ce qui rend la détermination de son âge impossible à distance de tir. Par conséquent, il y a eu un abattage plus massif de mâles que de femelles. La proportion de femelles infectées s’est accrue. Par conséquent l’épizootie s’est répandue par rapports sexuels entre de jeunes mâles accédant à la domination et des femelles dominantes épargnées par les chasseurs.  

D’ailleurs, la déstructuration des hardes, a-t-elle entraîné des échanges d’individus entre les hardes, et donc une expansion géographique de l’épizootie ?
J-P. C. : 
Bien sûr, à partir de deux ans, les mâles sont toujours à la recherche de femelles à leur goût et sillonnent le massif à la recherche de femelles qui les acceptent.Ce qu’il faut dire aussi, c’est que la structure de la harde ne s’établit pas au moment du rut mais en été et en automne, lorsqu’il fait chaud et que la nourriture abonde, car les bouquetins sont extrêmement économes de leur énergie. Par conséquent, la hiérarchie était établie quand les tirs ont eu lieu, et au moment du rut, les hardes étaient totalement désorganisées. Cela a donc conduit à une dispersion de la bactérie et à une augmentation du taux de prévalence de la brucellose. Le préfet, dans le cadre de son arrêté d’abattage par tranches d’âge de l’automne 2013, avait un an pour le mettre en œuvre. Par conséquent, au printemps, il a affirmé sa volonté de continuer sur la même lancée. Or, avec diverses associations et des accompagnateurs en montagne, nous avons monté un collectif, que j’anime en personne, pour agir en défense des bouquetins. Plusieurs accompagnateurs de ce collectif, assez remontés, sont alors partis bivouaquer dans le massif du Bargy afin de surveiller la zone et d’empêcher les gardes de l ‘ONCFS d’abattre d’avantage de bouquetins. L’affaire a alors pris de l’ampleur et s’est étendue au delà du périmètre local. Une pétition a été lancée par Mathieu Stelvio et a reçu plus de 70000 signatures. Le préfet a lancé une opération dans le massif et les militants en bivouac ont attendu les tireurs de l’ONCFS qui n’ont pas pu passer à l’acte. On a ainsi donné à l’affaire une ampleur particulièrement importante car on estime que l’abattage n’était pas la solution appropriée.

La FRAPNA et d’autres associations ont conjointement saisi l’ANSES, qui a lancé un appel à experts. 14 candidats dont 13 vétérinaires ont été retenus pour mener l’étude. Ils travaillent depuis un an et demi Il va y avoir un premier rapport qualitatif cet été puis un deuxième rapport quantitatif au mois de septembre. Le rapport quantitatif est rendu possible grâce à un outil de modélisation en développement depuis deux ans. Différents scénarii sont modélisés pour être comparés à ce qu’il se passerait si rien n’était fait. Ce qui complique le travail de l’ANSES, c’est qu’il y a eu des abattages massifs, et que les conditions initiales ne sont pas celles de 2012. Il faut recalculer le modèle pour le faire correspondre à la réalité du terrain, Fin décembre, le préfet a demandé sa dérogation pour mille bouquetins. Le préfet avait auparavant dit qu’il voulait faire un tri sélectif sur une centaine d’animaux sur ces mille bouquetins, en marquant les sains et en euthanasiant les séropositifs, puis qu’il abattrait tout le reste. Cette orientation était basée sur des arguments économiques et non scientifiques. En effet, l’Etat estime ne pas avoir les moyens, en temps et en argent, de s’occuper de la totalité des bouquetins du Bargy. L’idée est donc d’effectuer les tests de dépistage sur seulement cent animaux sur 350, de garder un échantillon d’animaux sains et d’abattre tout le reste.

En reprenant ces décisions, le préfet est-il conscient des bouleversements de la hiérarchie des hardes entraînés par un abattage massif, qui tendent, comme vous l’avez souligné, à propager l’épidémie dès lors qu’il reste quelques bouquetins séropositifs épargnés ?
J-P. C. : 
Oui, il en est conscient, car il est informé par la DDPP (Direction Départementale de Protection des Populations) en revanche, il est aussi sous pression des fédérations agricoles, d’un certain nombre de parlementaires, des fédérations de chasse. Il essaie donc de naviguer entre attendre la décision de l’ANSES et faire quelque chose pour calmer les ardeurs de la profession agricole. La ministre a certainement demandé au préfet de refaire une demande plus en accord avec une démarche scientifique. Néanmoins, la pression est forte pour qu’après avoir traité le cas des cent bouquetins, le préfet ordonne l’abattage total.

Ces pressions, de qui viennent-elles ? 
J-P. C. : Elles viennent des fédérations professionnelles d’agriculteurs. On fait bien la différence entre un agriculteur, qui peut avoir une opinion personnelle, et l’opinion de sa fédération professionnelle. Ainsi, la FDSEA de Haute-Savoie demande qu’il y ait un abattage total. Par ailleurs, la fédération de chasseurs demande qu’il y ait régulation de l’espèce. Là, c’est une autre stratégie qui est à l’œuvre, celle des fédérations de chasse vis à vis de la faune sauvage qui affirme que l’homme est le prédateur de plus haut niveau, les chasseurs sont alors là pour réguler la faune sauvage et protéger la société civile de la prolifération de certaines espèces. Il s’agit d’un autre débat, dans lequel nous n’entrons pas directement, mais nous sommes aussi en désaccord avec le fait que les chasseurs soient les régulateurs de la faune sauvage.

Cet argument de régulation est un principe général avancé par les fédérations de chasse pour justifier l’abattage d’animaux sauvages. Mais dans le cas des bouquetins du Bargy quelle est leur position précise ? Que demandent-ils en termes de régulation ?
J-P. C. : 
Premièrement, selon eux si le bouquetin était une espèce chassable comme le chamois ou le mouflon, la régulation qui aurait eu lieu au fil des années aurait permis d’éviter l’épizootie de Brucellose. La première partie de leur stratégie consiste donc à faire enlever le statut d’espèce protégée au bouquetin. Pour ça, il faut remonter au niveau européen, car le bouquetin est protégé au niveau européen, avec des dérogations dans certains pays, mais en France le bouquetin est totalement protégé. Ensuite, ils veulent que les sociétés de chasse deviennent des régulateurs de la population de bouquetins, et là on est à nouveau en désaccord car, contrairement à ce qui se passe dans un parc naturel, les critères qui président à la sélection des animaux à abattre par les chasseurs ne sont pas scientifiques, mais basés sur la beauté des trophées, particulièrement recherchés lorsqu’il s’agit de bouquetins. À titre d’information, un trophée de bouquetin se vend actuellement entre 6000 et 20 000 euros sur le marché noir. Nous ne voulons absolument pas que le statut d’espèce protégée soit ôté aux bouquetins. En effet le bouquetin est une espèce extrêmement facile à tirer car il a une stratégie de fuite sélectionnées depuis des milliers d’année par ce que font ses prédateurs naturels. Ainsi, il fuit sur quelques dizaines de mètres dans des falaises, afin de se mettre à l’abri des loups ou des autres grands carnivores. Ainsi immobile dans une falaise, il reste cependant très facile à abattre au moyen d’armes à feu.

Quelle est la différence avec la stratégie de fuite du chamois, qui évolue sur des terrains semblables ?
J-P. C. : La distance caractéristique de fuite du chamois est ben supérieure. Ainsi, la stratégie de fuite du bouquetin est adaptée à la prédation par un loup ou un grand carnivore, mais pas à la prédation par l’homme. En plus du fait que le bouquetin a été réintroduit à grands frais dans les alpes françaises, ceci explique le fait que le bouquetin soit protégé alors que le chamois ne l’est pas et qu’on aperçoit plus facilement des bouquetins que des chamois en montagne.

Nous tenons donc au statut d’espèce protégée du bouquetin. Il est faux de dire que si les chasseurs avaient régulé la population de bouquetins, on aurait évité l’épizootie de brucellose. L’ANSES a fait l’hypothèse dans son analyse de 2013 que la transmission de la brucellose des bouquetins du Bargy à l’élevage laitier du Grand Bornand était une transmission accidentelle, probablement par un animal tiers comme un canidé. C’est à dire que le troupeau n’a pas été directement en contact avec les bouquetins porteurs de la brucellose. En treize ans il n’y a eu que ce cas de transmission, dont la probabilité est infinitésimal. À titre d’exemple, à l’été 2014, il y avait au dessus du col de la Colombière 800 moutons et 80 chèvres qui pâturaient sur des alpages où évoluaient également des dizaines de bouquetins de tous âges, dont certains séropositifs, et il n’y a eu aucune transmission.

La probabilité de transmission interspécifique est donc infinitésimale et nous considérons donc qu’il faut s’en remettre à l’avis des experts, qui n’ont jamais été aussi nombreux à travailler sur le sujet, et ne pas se précipiter dans la solution simpliste de l’abattage total. Il n’y a d’ailleurs aucun exemple d’éradication d’une espèce sauvage ayant permis d’éliminer une épizootie. En effet, il reste toujours des individus qui, sous la pression de chasse, se dispersent et vont disséminer la maladie ailleurs. Même si cela peut paraître une solution de bon sens : « on les tue tous et on remet d’autres », tous ne seront pas tués. De plus, la population du Bargy n’est pas très bien connue et il y a des possibilités de passage sur les autres massifs. Ce n’est donc pas la bonne solution.

Quels sont les rapports entre les différents acteurs au niveau local et national ? 
J-P. C. : Alors tout d’abord, j’ai bien fait la distinction entre les opinions que possèdent les individus et les positions exprimées par les fédérations professionnelles. Les positions exprimées sont des positions souvent radicales avec des propos parfois outranciers, voire insultants. Elles se prolongent sur le terrain par des menaces, des dégradations sur les véhicules, comme cela a été le cas lors de la mobilisation au col de la Colombière, par des personnes liés à la FDSEA. Ainsi, la situation sur le terrain s’est localement envenimée. Il n’y a pas eu de bagarre, mais c’était moins une.

D’une manière plus générale, en France nous n’avons pas une culture de la négociation et du compromis, mais plutôt une culture de la confrontation et les services de l’Etat n’ont pas mis en place de construction de solution de compromis, comme cela aurait pu être le cas en Allemagne. Ce que nous souhaitons, c’est que les animaux sains soient conservés et nous sommes d’accord pour que les animaux séropositifs soient abattus. Or, s’il ne restait que des animaux sains, les éleveurs seraient en sécurité. Il semblerait donc qu’à moyen terme, la solution consistant à garder les animaux sains et à abattre els séropositifs convienne à tout le monde, mais ça, c’est en supposant qu’on discute avec des gens désireux d’aboutir à un compromis et non pas avec des fédérations aux opinions particulièrement radicales.

Etant donné qu’on ne pourra jamais être sûr d’euthanasier tous les bouquetins séropositifs, comment cette solution d’abattage sélectif pourrait-elle être efficace ?
J-P. C. : 
En réalité, cette solution ne serait pas mise en place seule. En effet, l’ANSES va vraisemblablement proposer un bouquet de mesures complémentaires : des abattages sélectifs, peut-être des vaccinations, et des mesures dites de « biosécurité », c’est à dire des mesures visant à protéger les troupeaux des contacts avec les animaux sauvages. L’ensemble de ces mesures sera nécessaire sur la durée pour être sûr de vaincre l’épizootie de brucellose. Mais il va être difficile pour le préfet et le ministère de l’écologie de prendre des décisions rationnelles car ils sont actuellement sous une extrême pression de la part des fédérations agricoles, mais aussi d’un certain nombre de parlementaires qui désirent que le problème soit résolu de manière radicale. Un petit groupe de parlementaires, emmenés par Bernard Accoyer, ex-président de l’assemblée nationale, a demandé à l’Assemblée Nationale de mettre en place une commission d’enquête parlementaire pour mise en danger de la vie d’autrui et atermoiements de l’état pour résoudre le problème de la brucellose dans le massif du Bargy. Le mot de controverse est même un peu gentil pour décrire la situation.

Nous sommes dans un rapport de force entre groupes de pression. Le même Bernard Accoyer s’est rapproché de l’académie vétérinaire et de l’académie de médecine pour leur faire dire que l’abattage total était nécessaire. Un rapport de ces échanges a en effet été diffusé en omettant les prises de positions en faveur de la sauvegarde des bouquetins.On se trouve actuellement dans un jeu de pressions radical et, après ce qui s’est passé à Sivens avec la mort de Rémi Fraisse, les autorités n’ont pas du tout envie d’avoir un nouveau mort dans le massif du Bargy. Et là, on n’est plus dans un petit problème local, mais dans une problématique sociétale, politique, économique, scientifique complexe et ce n’est pas de tirer dans le tas qui résoudra le problème.

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