Crise des généralistes

La dévalorisation de la profession de médecin généraliste

Les contraintes du métier sont à la source d’une lassitude de plus en plus pesante chez les médecins et ont pour conséquence le raccourcissement de la durée des carrières (avant l’âge de la retraite). Cependant, on constate de façon bien plus inquiétante l’essor du nombre de burnouts ou du taux de suicide des médecins généralistes libéraux. Un sondage du syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) révèle à ce sujet que 66% des sondés se disent prêts à cesser d’exercer la médecine s’ils risquent le syndrome d’épuisement professionnel ou si les conditions d’installation sont durcies : cela aurait alors un impact direct sur l’installation des médecins en zone déficitaire où les conditions de vie sont parfois moins attractives.

Dans les faits, une étude de l’URML (Union Régionale des Médecins Libéraux) d’Ile-de-France consacrée à l’ensemble des médecins libéraux concluait en 2007 que 53% des médecins ayant répondu se sentaient menacés par le burnout (Fig. 11). Encore plus alarmant, une enquête de 2003 a conclu que le taux de suicide dans les décès entre 30 et 65 ans est de 14% chez les médecins contre 6% dans la population générale.

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Figure 11 : Réponses à la question : vous sentez-vous personnellement menacé par le burnout ?

(Source : www.urml-idf.org/upload/etudes/etude_070723.pdf)

Pour expliquer ces phénomènes, les médecins évoquent la surcharge de travail, le harcèlement des malades, le poids de l’administratif, les contraintes collectives, la non-reconnaissance du rôle du médecin, ou encore la difficile gestion de l’interface entre la famille et le travail. On retrouve ici tous les facteurs de la désertion médicale en zone rurale ou dans le mode d’exercice en libéral.

La médecine générale en crise

De manière plus précise, la non-reconnaissance du rôle des médecins influence le choix d’une spécialité au détriment d’une orientation vers la médecine générale.

Effectivement, le rôle du médecin traitant a aujourd’hui bien évolué par rapport à la conception d’antan du médecin de famille qui opérait un suivi tout au long de la vie de ses patients. Il y avait alors une relation plus étroite entre un médecin et son patient. Celle-ci contribuait au plaisir du métier et à la valorisation de l’exercice. Aujourd’hui, les patients sont nomades, plus exigeants et moins confiants face au médecin notamment parce qu’ils sont désormais acteurs de leur santé : la quantité phénoménale d’informations disponibles sur internet a l’avantage de les responsabiliser, mais elle a aussi tendance à dévaloriser l’apport du médecin, ses conseils et son professionnalisme. Dans un tel contexte, les jeunes internes en médecine sont donc plus réticents à l’idée de s’engager dans la médecine générale.

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