Domaine Médical

L’origine du Syndrome d’Aliénation Parentale est avant tout médicale. Il s’agit d’une lutte pour faire reconnaitre ce phénomène comme un trouble mental. Cette reconnaissance par le corps médical, et de ce fait par les cours de justice, aurait évidemment des retombées importantes dans le milieu juridique. La lutte commence par la publication dans une revue scientifique d’un article de Richard Gardner, psychologue américain, où il utilise pour la première le terme de Syndrome d’Aliénation Parentale.

 

Origine du SAP et rôle de Richard Gardner

Selon la théorie de Gardner du syndrome d’aliénation parentale, il existe huit manifestations principales qui sont révélatrices du syndrome d’aliénation parentale ( au cours de nos lectures, nous nous sommes rendus compte que nombreux étaient les auteurs français qui reprenaient ces huit manifestations, notamment Jean-Marc Delfieu, et Jean-Pierre Cambefort).
Ces huit manifestations sont les suivantes :

1- La campagne de rejet, de diffamation : L’enfant refoule et rejette un de ses parents. Il le dévalorise sans gène et sans culpabilité. L’enfant le décrit également comme quelqu’un de méchant.

2- La rationalisation absurde : L’enfant produit des juridictions irrationnels pour appuyer ses propos.

3- L’absence d’ambivalence normale : Pour l’enfant, un de ses parents est entièrement bon et l’autre entièrement mauvais.

4- Le réflexe de prise de position pour le parent manipulateur : L’enfant prend position en faveur de celui de ses parents qui vit avec lui.

5- L’extension des hostilités à toute la famille et à l’entourage du parent rejeté : L’enfant se met à rejeter les grands parents, les amis, les proches de son parent rejeté.

6- Le phénomène de sa « propre opinion » : C’est à dire que le parent qui vit avec l’enfant va insister sur le fait que l’enfant a son « opinion propre ». Que l’enfant parle de sa « propre volonté » et qu’il n’y a pas d’intervention du parent dans son opinion.

7- L’absence de culpabilité du fait de la cruauté supposée du parent adversaire : Les enfants ne ressentent pas de culpabilité. Ils se mettent en tête que le parent qu’il rejette est insensible et que la perte de son enfant ne le fait pas souffrir.

8- L’adoption de « scénarios empruntés » : l’enfant décrit des scénarios et des reproches grotesques que souvent, le parent avec qui il vit a exprimé. Il les reprend donc à son compte même s’il ne les a pas vraiment vécu.

 

Pour souligner le rôle central de Richard Gardner dans la controverse entourant le Syndrome d’Aliénation Parentale, voici un graphe montrant le nombre de citation à Gardner dans la presse régionale et scientifique :

Trente années de confrontation au sein du corps médical

Très rapidement, des critiques ont émergé quant au travail de Richard Gardner. Qualifié d’apologie de la pédophilie, il est vivement dénoncé par certaines associations qui voient en sa théorie une manière de justifier les abus sur les mineurs et d’innocenter les coupables.

En effet, un mauvais diagnostic d’un enfant dénonçant ce qu’il a réellement subi conduirait à l’abandon des charges, sous l’égide du SAP. Rapidement ces critiques ont perdu leur virulence, comme la théorie de Gardner a des bases scientifique solides. Néanmoins, le soupçon de pédophilie est resté et continue encore aujourd’hui d’alimenter les débats, où certains acteurs s’opposant à sa théorie l’invoquent encore pour décrédibiliser le SAP.

En 1998, devant les limites de la théorie de GardnerWilliam Bernet, un pédopsychiatre américain, construit un groupe de réflexion pour redéfinir le concept d’aliénation parentale à partir des travaux de Gardner. Le principal défaut de la thèse de Gardner est selon eux dû à une trop grande importance donnée au parent à l’origine de la manipulation, qui rend le diagnostic plus compliqué.

Ce groupe de travail abouti sur une nouvelle définition de l’aliénation parentale, mettant en avant les relations de l’enfant avec ses parents. C’est le rattachement de l’enfant à un parent et son éloignement de l’autre, sans aucune raison apparente, qui constitue la base du SAP. Forts de cette nouvelle définition, les partisans de Bernet déplacent le débat vers l’intégration de SAP dans le DSM.

D’autres acteurs se sont illustrés dans ce débat. Citons Jean-Marc Delfieu, psychiatre et expert à la cours d’appel de Nîmes, qui milite pour la reconnaissance du syndrome d’aliénation parentale dans l’espace juridique français. Il s’appuie sur les travaux de Gardner et n’hésite pas à le citer dans ses publications.

 

Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders

Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, en français « Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux », et plus connu sous le signe « DSM », est l’ouvrage de référence international traitant des troubles mentaux. Publié par la Société Américaine de Psychiatrie, la reconnaissance de ce manuel dépasse néanmoins largement les frontières américaines et médicales.

Création du DSM et reconnaissance internationale

Créé par la Société Américaine de Psychiatrie en 1952  sous sa première version, il ne classifie alors que 60 pathologies et a pour vocation de « standardiser » les diagnostics des praticiens. En peu de mots, le but est de créer un « dictionnaire » concernant les troubles mentaux, afin que les chercheurs et praticiens puissent parler avec les mêmes termes d’une maladie.

Depuis, le DSM a connu six nouvelles éditions dont la dernière date de 2013. Il comporte aujourd’hui plus de 400 pathologies et est surtout utilisé par de nombreux acteurs, pas nécessairement liés au domaine médical, dans le monde entier. Cliniciens et chercheurs bien sur, mais aussi sociétés d’assurance et pouvoirs publics, l’utilisent pour différentes raisons. Un des combats de Richard Gardner, a été d’inscrire le Syndrome d’Aliénation Parentale dans le DSM.

Intérêt de voir le SAP inscrit dans le DSM

Au vu de la reconnaissance du DSM dans la scène internationale, il est évident que l’inscription du Syndrome d’Aliénation Parentale comme trouble mental donnerait un poids considérable au syndrome. C’est pourquoi Richard Gardner s’est battu pour sa reconnaissance dans le DSM. En 2001, il mène un groupe de psychologues manifestant pour que le SAP soit considéré comme un trouble mental par la Société Américaine de Psychiatrie, en vain.

« Comment traiter médicalement un enfant aliéné ? »

Les informations de cette sous-partie sont tirées du site internet de François Podevyn, qui comme nous s’est intéressé au SAP. Ce site donne une réponse pertinente, et basé sur des sources sûres, à la question d’un éventuel traitement du SAP. (http://www.paulwillekens.be/pw/pas.htm)

Identification de l’enfant aliéné

Selon le Dr. Jayne A. Major, dans «Parents who have successfully fought parental alienaiton syndrome», l’enfant aliéné absorbant la négativité du parent aliénant ressent le besoin de protéger ce parent. L’enfant choisit son camp, se rapprochant du parent aliénant au détriment du parent aliéné, et ne racontera à son entourage que les aspects négatifs de sa relation avec le parent aliéné.

L’enfant vérifie tout ou partie des 8 manifestations définies par Richard Gardner. L’intensité   de ces 8 manifestations chez l’enfant définit trois stades possibles à la maladie. « Léger », « Moyen » et « Grave ». Une bonne définition du stade de la maladie est primordiale pour éviter un traitement mal proportionné et donc douloureux de l’enfant.

Traitement de l’enfant aliéné

Le traitement de l’enfant passe inévitablement par sa prise en charge par un psychothérapeute. Le psychothérapeute, pour comprendre la situation familiale, doit s’entretenir avec tout les membres de la famille. Là aussi un lien avec le milieu juridique est inévitable car souvent le parent aliénant est réticent et s’oppose comme il peut au traitement. Des sanctions doivent donc être mises en place pour empêcher le parent aliénant de continuer à manipuler son enfant.

La thérapie sur l’enfant consiste à le guider vers la raison, lui faire prendre conscience que ses reproches au parent aliéné ne sont pas fondés. Selon son stade de maladie, une période de transition peut être mise en place par le thérapeute, pendant laquelle l’enfant est placé dans une structure  d’accueil. Elle est nécessaire car il faut éloigner l’enfant du parent aliénant, bien que l’enfant ne soit pas prêt à retrouver le parent aliéné.

Quel que soit le stade de la maladie, le traitement doit être bien dosé. Sous peine de voir l’enfant perdre toute confiance envers le parent aliénant, comprenant qu’il a été manipulé, et gardant sa haine envers le parent aliéné.

Répercussion dans le domaine juridique

Une reconnaissance du Syndrome d’Aliénation Parentale par le corps médical aurait des répercussions qui dépassent largement le cadre de la psychologie de l’enfant. On parle ici de donner une arme, un argument de poids soutenu par des spécialistes, à un parent « aliéné » dans le cadre d’une garde alternée par exemple. D’où la complexité de la controverse. Car des abus ont effectivement lieu. Le SAP est devenu un argument récurrent lorsque l’enfant repousse le parent concerné, que ce soit à tort ou à raison.

Lien vers le domaine juridique