Les écueils à éviter

Comme nous l'avons vu précédemment (voir Le choc des cultures), non seulement l'action de certaines associations n'atteint pas le but recherché mais pire encore contribue à renforcer la pratique de l'excision. Il y a deux principaux écueils à éviter :

Il faut éviter de passer pour de nouveaux colonisateurs. En effet, le passé historique rend toute intervention délicate car un des prétextes utilisés pour justifier la colonisation était d'apporter la modernité, le progrès et des idées nouvelles comme celles des droits de l 'Homme. Toute intervention de la part des Blancs est souvent ressentie comme une atteinte à la culture africaine et entraine un repli identitaire. La frontière entre prévention/aide au progrès démocratique et ingérence est très délicate à tracer.

Le problème de l'excision ne peut se résoudre sans prendre en compte l'ensemble de la société africaine. La protéction des petites filles ne passe pas uniquement par la prévention contre l'excision, il faut considérer leur vie dans leur ensemble, et notamment prendre consience de l'importance de ces problématiques pour leur insertion sociale.

Les méthodes prometteuse

• Le travail avec des acteurs locaux
  Il est indispensable de travailler avec des associations locales de protection des femmes. Le message passe mieux et permet d'éviter la sensation d'un nouveau colonialisme de la part des Blancs. La présence, dans de telles associations, de femmes excisées et désormais opposées à la pratique est primordiale.
  


• La reconversion des « forgeronnes »
  Le rôle des forgeronnes ou exciseuses dans la société malienne est extrêmement important. Les différentes légendes ou mythologies confèrent à cette caste de nombreux pouvoirs et une place hiérarchique élevée. Lorsque les forgeronnes abandonnent leur pratique, elles perdent la quasi-totalité de leurs sources de revenus. Pour les convaincre d'abandonner leur pratique, il est donc indispensable de trouver des voies de reconversion. Dans son livre, Christine Bellas Cabane a rencontré d'anciennes exciseuses qui aujourd'hui travaillent dans des coopératives. Dans le village dont elle s'occupe, une solution qui au premier abord peut paraître gênante a été trouvée : un centre de soins a été créé et l'ancienne forgeronne a été reconvertie en sage-femme. Cette solution permet à l'ancienne forgeronne de garder un rôle important dans le village et la formation que ces femmes reçoivent les sensibilise au risque de l'excision.
  


• Insister sur les complications médicales
  Ce dernier argument est souvent très important. Il faut parler des risques, apporter des témoignages d'accidents... En outre, il est également nécessaire de lutter contre les superstitions : beaucoup croient en effet que les accidents sont dus à des sorts jetés par des sorcières.