L'histoire du parc

Le futur emplacement du parc Yasuni comporte la réserve naturelle la plus diversifiée au monde. Sa création a eu lieu au cours du Pléistocène et est due à des conditions climatiques particulières : alternance de climats secs et humides. Ces éléments exceptionnels ont mené à la création d’îles de végétation dont une dans la zone qui a été déclarée parc national Yasuni. Pour se rendre compte à quel point la biodiversité est dense, on peut citer le chiffre de 644 espèces d'arbres sur un unique hectare du parc.

Les Huaorani, ou Waorani selon la prononciation, sont un peuple indigène vivant de la chasse, de la pêche et de la cueillette en Equateur depuis des temps immémoriaux. Leur territoire s'étendait sur une surface d'approximativement 2 millions d'hectares. Ils le défendaient avec acharnement par des actions guerrières. Leur premier contact avec le monde extérieur a eu lieu en 1958, ponctué par la présence de l'Institut Linguistique d'Eté (l'ILV). Celui-ci avait pour but de déblayer la zone pour que les compagnies pétrolières puissent faire leurs prospections. Cela a conduit à la création de l'Organisation de la Nationalité Huaorani de l'Amazonie Équatorienne (l'ONHAE). Cette organisation a pour but d'offrir des facilités d'exploration et d’exploitation du pétrole sur leur territoire. En effet, à cette époque le gouvernement a pris conscience de la quantité phénoménale « d'or noir » piégée sous son territoire. Il s'en est suivi une escalade de l'exploitation pétrolière, souvent au détriment du respect et du bien-être général de la nature, des peuples et même du pays. Depuis lors, les Huaorani militent sans relâche pour avoir une terre libérée des compagnies pétrolières. Leur combat a été d'autant plus dur qu'ils ne partagent rien avec le monde moderne: ils parlent un dialecte connu d'eux seuls, n'utilisent aucune technologie, hommes et femmes ne connaissent aucune discrimination, ils partagent donc toutes les tâches (chasse, ménage …). En particulier, de par leurs coutumes, les dirigeants sont des anciens de la tribu choisis et reconnus pour leur sagesse. Ainsi pour se faire entendre, ils ont du explorer et comprendre le monde qui les entourent et même entreprendre des journées de voyage pour aller militer sur les sites des compagnies pétrolières.


Création Du Parc

La création du parc s'est fait en deux étapes et pour deux raisons différentes : protéger le peuple des Huaorani et protéger la biodiversité du site.

Dans les années 60-70, plusieurs peuples se soulevèrent contre le non respect de la nature et de leur personne. Grâce aux efforts de Moi Enomega, leader Huaorani, le traitement de l'Equateur se fait connaître dans une grande partie du monde. En 1968, face aux dommages de plus en plus importants causés par les compagnies pétrolières, une réserve ethnique est créée pour permettre aux Huaorani de continuer à exercer leurs libertés et leurs cultures. En effet, ils ont besoin de grands espaces pour vivre de la chasse et de la pêche et ainsi ne pas devenir dépendant de la technologie apportée par Texaco ou d'autres compagnies pétrolières. La taille de la réserve a subi de nombreuses modifications jusque dans les années 1990. Celle-ci consiste surtout en plusieurs agrandissements pour compenser les effets néfastes de l'exploitation pétrolière.


En 1979, le parc Yasuni est créé. Il doit permettre de conserver la biodiversité extraordinaire de cette région. En 1989, l'UNESCO reconnaît le parc Yasuni ainsi que la réserve des Huaorani : réserve de biosphère. Mais les intérêts économiques sont encore bien présents, c'est pourquoi le 2 avril 1990, le gouvernement équatorien décide de limiter l'étendue du parc pour permettre à deux compagnies pétrolières (l’américaine Maxus et l'espagnole Repsol-YPF) d'exploiter le pétrole en toute légalité. Il faut attendre 2006, où une partie du parc est déclarée comme « zone protégée » : les espèces qui l'habitent sont nombreuses, diversifiées et exceptionnelles quant à leur richesse pour la terre entière, les considérations écologiques vont donc supplanter les considérations économiques. En 2007, le projet Yasuni-ITT, lancé par le président Rafael Correa, inaugure l'espoir pour l'Equateur de vivre différemment sans le joug permanent des compagnies et de leurs intérêts économiques.



Découverte des premiers gisements et exploitation

1930 : dans le territoire appartenant aujourd'hui au parc Yasuni, Shell découvre des réserves conséquentes de pétrole. Cependant la technologie permettant le transport n'est pas encore découvert, le gisement est abandonné. Ce n’est qu’à partir du milieu du siècle que la machine infernale pétrolière ne se met réellement en route.

En Equateur comme dans beaucoup d’autres pays, les zones d’exploitation du pétrole sont réparties par bloc. Ainsi, après avoir trouvé une réserve conséquente de pétrole, les compagnies s’installent dans une zone limitée normalement à 1,5 hectare mais dépassant souvent les 5 hectares comprenant les habitations, l’héliport et bien sur le système d’extraction. D’autres problèmes sont la présence envahissante de tuyaux, des lignes de transmission et des appareils nécessaires à l’établissement de lignes sismiques. Cette présence, parfois sur le sol même de réserve naturelle, empêche les tribus vivant en autarcie de vivre normalement. Les compagnies laissent souvent un endroit stérile derrière elles car elles rejettent énormément de déchets de toutes sortes. Elles rejettent par exemple quatre volumes d’eau fortement contaminés et salés pour un volume de pétrole extrait.

Ainsi en équateur, on distingue 4 principaux blocs :

Bloc 15 : Il s’agit du plus productif de l’équateur. En 2005, 1/5 de la production journalière de pétrole du pays était extraite de ce puits soit 100 000 barils. Il a longtemps été exploité par la compagnie Oxy qui, suite à des malversations, a cédé la place à la compagnie nationale Petrecuador.
Bloc 31 : jusqu’en avril 2006 : exploité par Petrobas
Bloc 14 et 17 : exploité jusqu’en 2006 par EnCana puis par Petroleum. On peut noter sur les alentours du site la présence des Taromename, un peuple guerrier vivant en isolement volontaire luttant contre toutes formes d’intrusion dans leurs territoires.
Bloc ITT (ou bloc 43) : Le bloc ITT recèle une quantité très importante de pétrole estimée à près de 900 millions de barils. Il est situé dans le territoire qui sera plus tard le parc Yasuni et réserve de biosphère. En évitant l’exploitation de ce site, le président équatorien actuel donne naissance au projet Yasuni.


La carte ci-contre est extraite d'un article scientifique publié par Matt Finer que vous pouvez retrouver ICI.

Il existe bien sur de très nombreux blocs et de très nombreuses compagnies qui se sont succédées au cours du temps que nous n’évoquerons pas. Mais nous aborderons ici surtout les problèmes qu’elles ont apportés.


2007 – Un revirement de situation

En 2007, le projet Yasuni ITT est lancé et on le ressent au niveau national sur la façon de traiter avec les compagnies. En effet le président Correa veut faire cesser ce mode de vie capitaliste qui a tant fait souffrir son pays. Il va essayer de développer une autre approche vis-à-vis de la nature et de son peuple. Son but étant que les êtres humains vivent plus en harmonie entre eux et avec la nature. Voici un extrait de la lettre qu’il a envoyé à Jean Luc Mélenchon et qui montre bien sa façon de penser :
« Les injustices et les inégalités générées par un système basé sur le pouvoir de quelques uns et l’exploitation de la majorité, ont poussé, en Amérique latine, les citoyennes et les citoyens à s’unir pour redéfinir notre destin. »

Voici quelques unes des actions menées à l’encontre des compagnies qui ne respectent la légitimité de l’état, des peuples ou de la nature.

Le 15 mai 2006 : Le gouvernement équatorien expulse la compagnie pétrolière américaine Oxy estimant que celle-ci n’a pas respecté les accords du contrat. En l'an 2000, celle-ci a vendu 40% du bloc sans autorisation du gouvernement.

Avril 2006 : Petrobas, face à la médiatisation des méfaits des compagnies et à la colère grandissante des populations décide de revoir sa manière d’exploiter le pétrole dans le bloc 31. Elle prévoit de construire son usine de retraitement à quelques kilomètres de la frontière du parc. Cependant cela ne satisfait pas l'AMWAE et l'ONAHE qui appellent la compagnie à quitter leur territoire.

Mars 2006 : Ande Petroleum se voit interdire toute recherche ou exploitation du pétrole dans la zone d’habitations des Taronane.

Le 10 mai 2006, la Commission Interaméricaine des Droits Humains (CIDH) a accordé des mesures de protection en faveur des peuples Taromenani et Tagaeri. Ces mesures suggèrent d'agir pour protéger les droits et garantir la vie de ces clans. La CIDH "a sollicité auprès de l'Etat Equatorien l'adoption des mesures nécessaires pour protéger de la présence de tiers le territoire habité par les bénéficiaires".

Le 18 avril 2007, le président Rafael Correa a annoncé l'adoption d'une politique gouvernementale pour sauvegarder la vie de ces peuples, en assumant la responsabilité de protéger leurs droits fondamentaux et en s'engageant à conduire des efforts pour éliminer les menaces d'extermination et garantir la défense des droits humains, collectifs et individuels des peuples qui vivent en isolement volontaire. Pour l'année 2008, Chevron en a retiré un bénéfice de 23,9 milliards de dollars.

L’équateur est loin d’être le seul pays d’Amérique du sud à connaître depuis plus de 50 ans de graves problèmes liés à la présence des compagnies pétrolières. Si sa situation commence à s’améliorer aujourd’hui, c’est en partie grâce aux efforts du président Correa qui se bat pour le bien des équatoriens, et non pour les intérêts purement économiques du pays. Ainsi, dans d’autres pays comme le Pérou, la situation évolue toujours en faveur des compagnies pétrolières et de déforestation.


Voici une frise chronologique reprenant les dates importantes du texte ci-dessus. Pour découvrir ce qui se cache derrière les dates en rouge, survolez-les avec votre souris.

En 1968, face aux dommages de plus en plus importants causés par les compagnies pétrolières, une réserve ethnique est créée pour permettre aux Waorani de continuer à exercer leurs libertés et leurs cultures.

En 1979, le parc Yasuni est créé. Il doit permettre de conserver la biodiversité extraordinaire de cette région.

En 1989, l'UNESCO reconnaît le parc Yasuni ainsi que la réserve des Waorani : réserve de biosphère.

Le 2 avril 1990, le gouvernement équatorien décide de limiter l'étendue du parc pour permettre à deux compagnies pétrolières (l’américaine Maxus et l'espagnole Repsol-YPF) d'exploiter le pétrole en toute légalité.

En 2006, une partie du parc est déclarée comme zone protégée.

Le 15 mai 2006 : Le gouvernement équatorien expulse la compagnie pétrolière américaine Oxy estimant que celle-ci n’a pas respecté les accords du contrat. En effet, en 2000, celle-ci a vendu 40% du bloc sans autorisation du gouvernement.

Le 10 mai 2006, la Commission Interaméricaine des Droits Humains (CIDH) a accordé des mesures de protection en faveur des peuples Taromenani et Tagaeri. Ces mesures suggèrent d'agir pour protéger les droits et garantir la vie de ces clans.

En 2007, le projet Yasuni ITT est lancé et on le ressent au niveau national sur la façon de traiter avec les compagnies. En effet le président Correa veut faire cesser ce mode de vie capitaliste qui à tant fait souffrir son pays, il va donc essayer de développer une autre approche vis-à-vis de la nature et de son peuple. Son but étant que les êtres humains vivent plus en harmonie entre eux et avec la nature.