La grande majorité des français reconnaissent le caractère sensible des animaux, ainsi que la nécessité de les protéger. Cependant, notre héritage philosophique dans lequel la protection animale n'est pas la première des préoccupations, garde une influence non négligeable sur la pensée de nombre d'entre eux.
En effet, la conception chrétienne du monde, au sein de laquelle l'homme possède une position centrale, supérieure à tout le reste de la création, est plutôt encline à encourager l'exploitation des animaux. Ceux-ci auraient été créés afin de servir les hommes : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. » (Genèse 1.26). Il s'agit là d'une conception totalement utilitariste de l'animal. Il n'apparaît donc pas choquant à beaucoup de gens que les animaux soient exploités comme ils le sont, puisqu'après tout, ils sont presque là pour ça. Cependant, d'après la philosophe de l'INRA Florence BURGAT, ce n'est pas la raison essentielle, puisque les animaux sont également maltraités en Chine, pays à religion polythéiste.
Par ailleurs, l'héritage de la pensée cartésienne, assez forte en France, n'arrange rien. En effet, Descartes voyait l'animal comme un être ne répondant qu'à ses instincts, un animal-machine. Même si cette vision du problème est complètement décalée par rapport à la vision moderne, elle peine à être délogée par des conceptions plus en adéquation avec les avancées scientifiques récentes.
Ainsi, on obtient des situations paradoxales. Par exemple, même si une large majorité des français (plus de 85% d'après Brigitte GOTHIERE) sont contre l'élevage des poules en batterie, la plupart mange des oeufs pondus par ces poules élevées en batterie, cautionnant ainsi indirectement l'élevage en batterie, et ce en connaissance de cause, puisque la population est à peu près au courant de la situation. Cela rend une évolution de la situation difficile, puisque même en connaissant tous les méfaits de l'élevage tel qu'il est actuellement, les individus ne peuvent pas, ou ne veulent pas, s'arrêter de consommer les produits de cet élevage.
« Les gens prennent les animaux pour plus bêtes qu'ils ne sont. »
Brigitte GOTHIERE
Pourquoi donc se donner du mal pour les animaux, pour ceux qui n'ont été créé que pour nous servir, pour ceux qui n'ont pas de conscience ? Même si ce n'est pas ainsi que le problème est formulé, cela correspond à la pensée de nombreux Français, selon Florence BURGAT.
« Le principe posé (égalité animale) ouvre un programme de recherche vertigineux si l’on envisage tout ce qu’il invite à reconsidérer dans nos attitudes et représentations du monde »
Estiva REUS dans Animal mon égal. Éthique et politique de l'abolition de la viande.