Le cancer : hasard, environnement, génétique?

Deux thèses scientifiques opposées

Rigueur scientifique remise en cause

Le boom médiatique

Potentielles répercussions

             Le débat sur les facteurs à l’origine d’un développement d’un cancer a été relancé avec la parution de l’article de Cristian Tomasetti

et Bert Vogelstein, et vivement discuté après celui de l’équipe de Yusuf Hannun. Deux principaux types de facteurs sont avancés dans la recherche srcifique pour expliquer le développement de cancer au sein de l’organisme :

  • les facteurs intrinsèques  : c’est à dire les facteurs internes à l’organisme, distincts de l’environnement et de la génétique
  • les facteurs extrinsèques : ceux qui ne sont pas liés au fonctionnement « normal » de l’organisme et qui ont pour origine un facteur externe à l’organisme.

– Le biostatisticien C. Tomasetti et l’oncologue B. Vogelstein prennent parti, à travers une étude publiée le 2 janvier 2015, pour une prépondérance des facteurs intrinsèque dans l’apparition du cancer  :


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Certaines de ses différences sont associées à des facteurs à risques bien connus comme la cigarette, la consommation d’alcool, les rayons ultraviolet ou le papillomavirus humain, mais cela ne s’applique qu’à des populations spécifiques exposées à de puissants mutagènes ou virus. Ainsi de telles expositions ne peuvent guillemet2pas expliquer pourquoi le risque de cancer dans les tissus du système digestif diffère autant qu’un facteur 24.

PRECISER SOURCE

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Credit: C. Tomasetti, B. Vogelstein and illustrator Elizabeth Cook, Johns Hopkins

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À travers leur étude, les deux chercheurs rétablissent, selon eux, la place prépondérante du hasard. Leur étude semblait avancer en effet que le hasard  serait responsable de 65 % des types de cancer (comme le montre les images ci dessus), soit les deux tiers. Le cancer apparaîtrait non pas dans les tissus les plus facilement exposés à des facteurs extérieurs causant des mutations au sein des cellules mais dans les tissus ayant le plus grand taux de divisions cellulaires. Plus leur nombre est élevé, plus le risque d’emmagasiner des erreurs dues au processus de division cellulaire augmente. Malheureusement ces mutations sont généralement incontrôlables et spontanées.

Cependant, cette étude allait à l’encontre d’un point de vue relativement répandu dans le monde de la recherche scientifique, qui prône l’influence majeure des facteurs extrinsèques.

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– L’épidémiologiste Yusuf Hannun

et ses collègues publient en décembre de la même année une étude dans Nature (« Substantial contribution of extrinsic risk factors to cancer development ») contredisant le point de vue développé par C. Tomasetti et B. Vogelstein:


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Si on ne considérait que le rôle des mutations intrinsèques, personne ne développerait de cancer. Il faut guillemet2absolument que des facteurs externes viennent accélérer le taux de mutation.

Ces chercheurs, en étudiant différents tissus ayant le même taux de divisions cellulaires, ont observé les différences de probabilité d’apparition de cancer en étudiant l’influence de facteurs épidémiologiques. Ils ont pris le parti d’étudier une partie du rôle de l’environnement dans le développement des cancers en étudiant des mouvements de population. Ainsi, selon lui, seulement 10% ou 30% des cancers seraient dus à un manque de chance.

En se basant sur des données statistiques similaires à celles utilisées par C. Tomasetti et B. Vogelstein, Yusuf Hannun

et son équipe sont arrivés à la conclusion opposée : ils sont partis du principe d’étudier la part des facteurs intrinsèques par rapport aux facteurs extrinsèques dans le processus de mutation des cellules souches de différents organes, et de les comparer aux résultats de la première étude.

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Credits : Y. Hannun – Schematic showing how intrinsic processes and extrinsic factors relate to cancer risks through stem-cell division

Dans leur article, ils publient un schéma expliquant une partie des calculs qui ont été faits (courbe noire) et ils les comparent à des données relatives à un risque lié à une exposition à des facteurs radioactifs (courbe bleue) et ils arrivent à la conclusion que les droites délimitant les facteurs de risques sont trop proches l’une de l’autre pour arriver aux résultats annoncés par C. Tomasetti et B. Vogelstein.

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Credits : Y. Hannun – Correlation analysis of stem-cell division and cancer risk does not distinguish contribution of extrinsic versus intrinsic factors to cancer risk

 

A partir de données statistiques relativement proches, deux études débouchent sur des thèses aux antipodes l’une de l’autre.

Le désaccord des premiers auteurs vis à vis de cette interprétation se fait rapidement entendre :

guillemet1-autresensCristian Tomasetti estime que l’analyse de ses confrères est « techniquement non appropriée », qu’elle confond risque relatif et absolu, par exemple. Il souligne que cette approche erronée conduit à conclure par exemple que plus de 99,9 % des cancers de la prostate seraient d’origine environnementale – alors que ces facteurs de risque ne sont pas connus.
Le Monde – « Cancer et hasard, la polémique rebondit »guillemet2
16/12/15