Le cancer : hasard, environnement, génétique?

Une étude scientifique relayée par la presse généraliste

Rigueur scientifique remise en cause

Le boom médiatique

Potentielles répercussions

 

          La particularité de l’étude de Cristian Tomasetti

et Bert Vogelstein est qu’elle a été très rapidement relayée dans la presse non-scientifique, puisque proposant une vision nouvelle des causes à l’apparition du cancer que celle relayée par les organismes de santé publics (par exemple l’OMS, qui recommande un mode de vie sain). Ainsi, de nombreux journaux, comme Le MondeLe Figaro ou encore Le Journal du Dimanche, ont présenté, dans les jours suivant sa parution, la thèse des deux scientifiques qui se voulait novatrice dans le monde de la recherche contre le cancer.

Nous avons ainsi pu distinguer la dynamique de retransmission de l’étude de la part de la presse généraliste :

 

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moments-clés de la controverse

Nous pouvons, en observant le nombre de publications dans la presse généraliste, distinguer un moment d‘intensification du débat ausrce janvier 2015, avec 43 publications dans la presse généraliste française:

articles contro decembre

*Source: Groupe « Le cancer : hasard, environnement, génétique ? », 2016.

Ce graphique représente le nombre de publications dans la presse généraliste concernant une période allant du 11 avril 1999 au 26 décembre 2015. La période la plus détaillée est l’année 2015 car elle marque un tournant dans le domaine. Sur le graphique on peut voir que la période de janvier 2015 est marquée par un pic de publications dans la presse généraliste pour l’essentiel lié à la publication de l’article de C. Tomasetti et B. Vogelstein. De même en décembre 2015 le nombre d’articles dans la presse généraliste augmente à nouveau suite à la publication du laboratoire de Stony Brook contredisant les résultats de l’étude de C. Tomasetti et B. Volgelstein .(« Substantial contribution of extrinsic risk factors to cancer development » Nature le 16 décembre 2015, écrit sous la direction de Y. Hanun).

Même si l’article “Is ‘bad luck’ an important determinant of cancer incidence and does this concept apply to kidney tumors ?” publié dans Nephron par Garattini et Tavani apparait comme une date clef par sa réaction vive à l’article de Tomasetti et Vogelstein, il n’a quasiment pas été repris dans la presse généraliste. Cet article présentait néanmoins un point de vue engagé dans la controverse, et ainsi nous pouvons nous questionner sur les raisons de ce moindre impact.

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*Source: Groupe « Le cancer : hasard, environnement, génétique ? », 2016.

Ce graphique représente la répartition des articles scientifiques portant sur l’importance du hasard ou non dans le développement du cancer. On constate une légère augmentation en juin 2015 même s’il n’y a pas un total d’articles très important. Sur l’année 2015 et le début de l’année 2016 on ne compte que peu de publications réagissant directement à celle de C. Tomasetti et B. Vogelstein, la contredisant ou la soutenant.

Au cours de notre étude nous avons pu nous rendre compte que la presse généraliste s’est très rapidement réapproprié les résultats de l’article « Variation in cancer risk among tissues can be explained by the number of stem cell divisions » de C. Tomasetti et B. Volgelstein. Cette appropriation a conduit à une inflation médiatique concernant les résultats.

Pour rendre cette étude pointue lisible par le grand public, fut enclenché un processus de retransmission de l’information que l’on peut traduire dans le schéma qui suit : 

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Dans le cas qui nous concerne, il est la question de l’erreur retranscrite dans la presse n’est pas simple à déterminer. Il nous est complexe de comprendre ce qui était affirmé dans l’étude proposée par Tomasetti et Volgelstein, de ce qui ne l’était pas. En revanche, nous pouvons seulement remarquer que l’étude a été appropriée par les acteurs de la presse généraliste, dans ses propos et dans ses conclusions. Les journaux mentionnaient ainsi des termes choc tels que « La chance, la poisse et le cancer » (article de La Presse du 5 janvier 2015). Les titres mêmes de ces journaux alimentaient la controverse.

Cette réappropriation est traduite par différentes lectures de l’étude des deux scientifiques américain.