Le cancer : hasard, environnement, génétique?

Une étude statistique éloignée du patient

Rigueur scientifique remise en cause

Le boom médiatique

Potentielles répercussions

          Un des reproches qui a principalement été fait à la première étude qui affirmerait que 2/3 des cancers seraient dus au hasard est celui du manque de proximité vis à vis des patients. Beaucoup de scientifiques accusent Cristian Tomasetti

et Bert Vogelstein d’avoir mal interprété des données statistiques complexes et tâchées d’une incertitude trop importante pour émettre une telle conclusion et remettent en cause leurs résultats.

Par ailleurs, l’étude de Yusuf Hannun

qui défend la thèse inverse (ie la prépondérance des facteurs environnementaux et héréditaires dans le processus de développement du cancer) qui se base en partie sur des données statistiques est également critiquée de ce point de vue : les incertitudes liées aux calculs mis en œuvre seraient trop importantes pour établir une conclusion aussi tranchée que la leur. Pour citer l’article :

 guillemet1-autresens «  L’épidémiologiste Catherine Hill (Institut Gustave-Roussy), qui pointe certaines faiblesses de l’article de Tomasetti et Vogelstein, juge que la corrélation qu’il dévoilait « mérite des investigations complémentaires » . Mais l’approche adoptée par les chercheurs de Stony Brook lui semble elle aussi « discutable » . Son collègue Serge Koscielny souligne que l’analyse porte sur des logarithmes, « ce qui laisse des variations d’un facteur 1 000 à expliquer, si bien que, in fine, tout est question d’interprétation » . » guillemet2

« Rôle du hasard dans le cancer : la polémique rebondit »
 publié dans Le Monde [18 décembre 2015]

Autre argument majeur des opposants de  C. Tomasetti et B. Vogelsteinles données épidémiologiques qui sont complètement absentes de leur étude. Données qui pourraient jouer un rôle dans la venue de certains cancers. Enrico Garattini et Alessandra Tavani ont publié le 10 mars 2015 “Is bad luck an important determinant of cancer incidence and does this apply to kidney tumors ?” dans Nephron dans lequel ils reprennent l’étude de  C. Tomasetti et B. Vogelstein en se concentrant surtout sur le cancer du rein. Ils considèrent que certains facteurs manquants doivent être pris en compte comme le sexe et l’origine géographico-ethnique pour comprendre et compléter l’étude car ils font varier le risque d’apparition du cancer jusqu’à un facteur 5. Nous pouvons aussi citer le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer), une branche de l’OMS qui met en avant des « limites méthodologiques », ainsi qu’une grave « contradiction avec des données épidémiologiques ». (propos tirés de l’article du Journal de l’environnement « Cancer : le hasard fait mal les choses » [14 janvier 2015]).

De plus, certains sociologues reprochent à l’étude que le suivi de la maladie ne se fait pas de manière complète : le développement de la maladie et les causes de ces fameuses mutations aléatoires qui sont peut-être dues à des facteurs extrinsèques cancérigènes.


Dans les deux études, les auteurs sont critiqués pour leur manque de rigueur et de transparence vis-à-vis de leurs résultats. On leur reproche leur démarche scientifique et cet affrontement entre deux revues rivales dont aucune des deux n’est spécialiste en oncologie ajoute encore à la complexité de la situation.

guillemet1-autresens« Les mutations « aléatoires » sont-elles si aléatoires que cela ? Plus on avance dans les découvertes, plus la part du hasard diminue. Il y a surtout un grand besoin de meilleures connaissances »guillemet2

Jacques Raynaud, janvier 2015

Par ces mots, Jacques Raynaud

confirme la théorie que l’étude manque de recul par rapport aux données qui ont été traitées et aux résultats qui ont été avancés qui se basent sur des méthodes statistiques tâchés d’incertitude et qui finalement n’englobent pas le processus du cancer dans sa totalité.