Des preuves scientifiques ?

Comme tout sujet de santé, le lait est sujet de nombreuses recherches. les articles scientifiques référencés sous le mot-clé milk sont foison: on trouve 115 400 documents référencés sur Scopus!

Afin de constituer un corpus en lien avec notre sujet, nous avons isolé 450 documents référencés sous les mots-clés milk, human, adult, en excluant les articles traitant des laits pour bébés et de l’allaitement maternel. Nous avons alors récupérés la liste des mots-clés sous lesquels étaient identifiés tous nos articles. La figure ci-dessous, établie à l’aide du logiciel ManyEyes, recense ces différents mots-clés dans une représentation graphique où la taille de police de chaque mot-clé est proportionnelle à son nombre d’apparitions dans la liste, c’est-à-dire au nombre d’articles y faisant référence.

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Ceci permet de dresser un panorama de l’état actuel de la recherche scientifique autour du lait. On peut remarquer que, outre les noms de pathologies sur lesquelles ont porté des études pour déterminer l’influence du lait (osteoporosis, hypertension, hypercalcemia, milk intolerance…), beaucoup de mots-clés correspondent aux méthodes employées dans ces études: crossover procedure, double blind-experiment, major clinical study, clinical trial… En effet, ces méthodes font rarement consensus.

Comment peut-on déterminer scientifiquement parlant si un aliment est bon ou mauvais pour la santé?

Il existe trois grands types d’études:

- Les études d’observations sur des échantillons de population plus ou moins réduits, comme des cohortes. Celles-ci sont coûteuses si on souhaite obtenir un échantillon représentatif de la population totale. Une des dernières études de ce type est l’étude menée par des chercheurs suédois sur le lien entre consommation de lait et ostéoporose. En voici un exemple.

- Les études d’interventions, seules à même de prouver l’existence d’un lien de cause à effet: ce sont des études réalisées dans des cliniques, avec un aspect technique sur les aliments, la mise en place d’un placebo. Celles-ci sont difficilement réalisables dans le cas du lait comme de la plupart des aliments.

- Les méta-analyses, synthétisant et interprétant les résultats des études déjà existantes sur un sujet précis.

Le but est souvent d’étudier l’influence de la consommation de lait sur telle ou telle pathologie. Le principal problème reste cependant que ces pathologies sont multi-factorielles, et qu’il est souvent délicat de dissocier le rôle du lait du reste du contexte. On peut notamment citer le cas des patients présentant une intolérance au lactose qu’il faut isoler des études. De nombreuses composantes, aussi bien sociales que comportementales, ont une influence difficile à évaluer. Les études statistiques démontrent l’existence de corrélations mais celles-ci ne permettent pas d’affirmer un lien de causalité. C’est pourquoi les résultats des études sont sujets à interprétations, les conclusions restant la plupart du temps prudentes. Difficile donc d’affirmer que le lait soit bon ou mauvais pour la santé.

L’idée, peut-être la plus consensuelle chez les scientifiques, est d’admettre que le lait n’est pas néfaste pour la santé, lorsqu’il est consommé dans des proportions raisonnables. Tout serait donc question de dose, à l’image du pharmakon développé dans la culture grecque, à la fois remède et poison. Comment dès lors établir des recommandations  précises? L’aspect nutritionnel peut apporter des éléments supplémentaires, c’est ainsi que l’on se retrouve à recommander « 3 produits laitiers par jour » en France.