Il y a eu de nombreux modèles de l’impact du Brexit. Ceux-ci viennent d’organisations officielles comme l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) ou le Trésor Britannique, de think tanks (London School of Econonomics, Open Europe in London), ou bien d’institutions indépendantes.

 

Le choix des hypothèses

Lors de notre entretien, Ana Boata [1] nous a rappelé que le chiffrage est construit sur le choix des hypothèses. Personne ne sait avec certitude ce qu’il va se passer. Les hypothèses sont donc des choix arbitraires, qui varient selon le scénario que l’on souhaite étudier.

The Telegraph,
Adams cartoon, 26 Avril 2017

D’après une étude pour le Parlement Européen, An Assesment of the Economic Impact of Brexit on the EU27  [2], les hypothèses se découpent en trois orientations principales :

   les hypothèses optimistes reflètent une faible augmentation des taxes douanières et supposent que le Royaume Uni profitera d’un régime proche de celui d’un membre de l’UE, tel que celui de la Norvège, qui fait partie de la Zone Economique Européenne (ZEE) sans faire partie de l’Union Européenne. Les pays de la ZEE n’imposent aucune taxe douanière entre eux, ce qui favorise et facilite l’exportation. En comparaison, pour des pays non membres de la ZEE, ces taxes douanières varient selon les produits mais peuvent représenter près de 25% du prix initial dans certains cas.

   les hypothèses pessimistes s’appuient sur une réduction de la relation économique entre le Royaume-Uni et l’UE aux termes définis par la WTO (World Trade Organisation), avec les tarifs douaniers les plus restrictifs envisageables pour deux membres de la WTO. Cela est couramment appelé le « Hard Brexit ».
Le Royaume-Uni passerait d’une relation sans aucune taxe douanière avec la ZEE à une exportation beaucoup plus difficile et contrée par les tarifs douaniers importants, avec 5,6 milliards de livres (7,2 milliards d’euros) par an de droits de douane supplémentaires à payer pour les exportateurs britanniques d’après l’OMC.

   certains scénarios se situent au centre de ces deux extrêmes. En effet, la position de Theresa May au cours des négociations [3] semble exclure la possibilité d’un scénario trop optimiste, ce qui rend nécessaire la création de scénarios plus intransigeants. Cependant, l’Union Européenne pourrait aussi souffrir de perdre le Royaume-Uni en tant qu’importateur et exportateur privilégié, donc pourrait choisir d’être plus clémente afin de ne pas perdre un tel pilier économique.

Sur quel modèle appliquer les hypothèses ?

Toujours d’après An Assesment of the Economic Impact of Brexit [2], différents modèles sont applicables.
 
Le plus courant est le CGE (Computable General Equilibrium), dans lequel l’ouverture économique est supposée augmenter avec la réduction des taxes douanières.

Les autres modèles présupposent des variations différentes des relations économiques en fonction des paramètres des hypothèses. Ils sont choisis selon les paramètres sur lesquels l’étude se focalise.

Changement dans le PIB du Royaume Uni d’ici 2030 selon le type de scénario envisagé (%) Tous les changements sont exprimés de manière positive, i.e. les valeurs positives expriment une réduction de PIB

Les différents modèles utilisés et les hypothèses retenues influent beaucoup sur le résultat des calculs, comme illustré sur la figure.

L’interprétation du modèle

Une fois le modèle choisi et les calculs faits, il faut analyser ces calculs et éventuellement agir en conséquence.

Cela pose la question de la fiabilité de ces calculs, qu’il est difficile de déterminer.

 
⇐Chiffrer: une nécessité?                                                       Qui va payer ?⇒
 
 
 
 
[1] Entretien avec Ana Boata, économiste dans un Think tank (voir entretien)
 
[2] Michael Emerson, Matthias Busse, Mattia Di Salvo, Daniel Gros et Jacques Pelkmans, « An Assesment of the Economic Impact of Brexit on the EU27 », Étude pour la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs, 13/03/2017
 
[3] «Brexit: Theresa May s’attend à des négociations difficiles avec l’Union européenne»Challenges, 30/04/2017