Le 2 octobre 2016, Theresa May a annoncé un « Hard Brexit ».

Cependant, la position du Royaume-Uni dans les négociations est-elle aussi tranchée qu’annoncé?

Theresa May s’est engagée à une rupture claire et nette et a choisi son équipe en conséquence:

David Davis, un homme politique britannique, membre du parti conservateur, a été nommé secrétaire d’Etat à la sortie de l’Union Européenne. De 1994 à 1997, il avait déjà été Ministre d’Etat pour l’Europe. Ses opinions reflètent celles de Theresa May: «Eurosceptique convaincu […], persuadé que le Royaume-Uni peut prospérer en dehors de l’UE, M. Davis a néanmoins reconnu que l’économie britannique pourrait souffrir si l’immigration en provenance des pays de l’Union s’arrêtait du jour au lendemain.»  [1]

Source: euractiv.com

La Première Ministre a choisi Boris Johnson comme secrétaire d’État des Affaires étrangères et du Commonwealth. Boris Johnson qui a mené la campagne « Leave » lors du referendum. Boris Johnson, que Le Monde décrit comme «un homme dont les incessantes provo­cations ont le don d’exaspérer les gouvernements européens, qu’il s’agit justement d’amadouer. N’a-t-il pas comparé le dessein de l’UE à celui de Napoléon et d’Hitler? Assimilé François Hollande à un gardien de camp nazi?» [2]

Cependant, sa politique ne convainc pas tout le monde au Royaume-Uni. The Economist critique le manque d’actions du gouvernement. «The strategy for Brexit, which is due to be triggered in less than three months, remains undefined in any but the vaguest terms, and seems increasingly chaotic» [3],  s’inquiète le magazine.

De plus, Theresa May a souffert la démission de Sir Ivan Rogers, l’ambassadeur britannique auprès de l’Union européenne en janvier 2017. Celui-ci n’était «pas convaincu par la décision d’un Brexit et la ligne du gouvernement britannique, qui entraînera le Royaume-Uni dans une zone d’incertitude dangereuse» [1]. Ella l’a remplacé par Timothy Barrow, ancien premier secrétaire à la représentation britannique à Bruxelles. Avant le référendum, il s’était prononcé contre la sortie du Brexit. «Le nouvel ambassadeur britannique auprès de l’Union européenne, Tim Barrow, est un diplomate sans parti pris, proche de Theresa May qui l’aurait choisi pour son expérience et pour rassurer les hauts fonctionnaires, selon d’anciens collègues et des experts » [4] , estime AFP.

En outre, le Trésor Britannique, dont les prévisions étaient jugées catastrophistes par les partisans du Brexit, ne soutient pas la politique de la Première Ministre:

 «le Trésor lui-même table sur son scénario le plus pessimiste en cas de «hard Brexit», soit une baisse du PIB comprise entre 5,4% et 9,5% au bout de quinze ans si le pays rompait avec le marché unique de l’Union européenne.» [5]

 

Afin d’affirmer sa légitimité, Theresa May avait convoqué des élections législatives anticipées le 8 juin 2017. Celle-ci a mené sa campagne avec le slogan «Un leadership fort et stable». Le Figaro explique que «la campagne ne s’est pas déroulée comme prévu pour Theresa May.[…] Si Theresa May ne parvient pas à faire mieux que la majorité de 12 sièges de Cameron, ce serait un échec personnel qui affaiblirait son autorité, dans le pays et face à l’UE» [6]. Selon les dernières prévisions de YouGov, un institut de sondage britannique, le parti conservateur devait perdre une vingtaine de sièges et le parti travailliste en gagner une trentaine.

 

Résultat des élections: le Parti Conservateur perd huit sièges et le Parti des Travaillistes en gagne 31.

 

 

Source : The Guardian

 

 

 

⇐La négociation Theresa May/Task Force                                 Les réponses de l’UE⇒

 

[1] « Huit personnalités aux premières loges du Brexit », AFP, 29/03/2017

[2] «60 ans du traité de Rome: Boris Johnson, “Ubu roi» du Brexit», Le Monde, 23/03/2017

[3] « Theresa Maybe, Britain’s indecisive premier », The Economist, 07/01/2017

[4] « GB: Le nouvel ambassadeur auprès de l’UE, un diplomate pragmatique », AFP, 05/01/2017

[5] « Pour le Trésor Britannique, le « Hard Brexit » ferait très mal », Libération, 11/10/2016

[6] « La difficile campagne de Theresa May », Le Figaro, 1/06/2017