Eyjafjallajökull - Fallait-il fermer l'espace aérien ?
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Trafic aérien : polémique autour de la gestion de la crise

Quatre jours après le début de l'éruption sous-glacière de l'Eyjafjöll, le nuage de cendres dégagé par le volcan islandais continue de perturber sensiblement le trafic aérien et les compagnies aériennes sont inquiètes. Pour elles, l'impact financier des annulations de vols est considérable (environ 150 millions d'euros par jour). Les conséquences de cette crise s'annoncent même « plus importantes que celles des attentats du 11 septembre 2001 » aux Etats-Unis, assurent-elles. A elle seule, Air France perdrait actuellement 35 millions d'euros par jour, a déclaré son directeur général Pierre-Henri Gourgeon. L'Association internationale du transport aérien (IATA) a donc demandé lundi matin aux gouvernements l'ouverture d'«au moins quelques couloirs» de navigation et réclamé des «décisions qui soient fondées sur des situations réelles». Et elle n'a pas manqué de dénoncer la façon dont cette crise était gérée par les dirigeants européens, jugeant les restrictions de trafic excessives.

Interrogé sur France Inter lundi matin, le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, s'est empressé de contrer ces critiques : «Je pense qu'en matière de sécurité aérienne -on est encore sous le choc de la catastrophe de Smolensk accident d'avion qui a coûté la semaine dernière la vie au président polonais Lech Kaczynski et à 95 autres personnes, NDLR?-, on ne prend jamais assez de précautions», a-t-il expliqué. «Evidemment, le rôle des autorités publiques, devant la gêne que ça occasionne et devant le préjudice que ça cause à l'économie en période de crise», est de «faire en sorte que les choses redémarrent le plus vite possible, mais dans l'application du principe de sécurité», a-t-il ajouté. Lundi après-midi, Air France a ainsi réalisé cinq vols spéciaux pour évaluer l'impact réel du nuage de cendres sur les avions, après d'autres tests dimanche. Dans l'après-midi, le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a lui aussi essayé de contrer la polémique, naissante assurant : les autorités françaises font « tout ce qu'elles peuvent » pour faire voler un maximum d'appareils. « On bouge, on fait voler, on assure la sécurité. Pour le reste, ce sera décidé par les ministres européens », a-t-il ajouté.

Des aides européennes

Les ministres des Transports européens doivent en effet tenir une vidéoconférence lundi après-midi pour réfléchir à de nouvelles mesures. D'ores et déjà, l'Union européenne (UE) a annoncé qu'elle était prête à autoriser les Etats de l'Union à aider financièrement les compagnies aériennes. Un dispositif «comme celui que nous avons adopté après les attentats de septembre 2001» qui permet aux compagnies de recevoir des aides dans «des circonstances exceptionnelles» pourrait être mis en place, a ainsi déclaré le commissaire à la Concurrence, Joaquin Almunia. Toutefois, les Etats membres de l'UE devront «démontrer la nécessité de l'aide» et «s'assurer qu'elle ne constitue pas un soutien excessif par rapport aux entreprises concurrentes», a-t-il ajouté.

Côté trafic, en Europe, 30% des vols devraient pouvoir être maintenus ce lundi, soit entre 8.000 et 9.000 sur les plus de 28.000 prévus, a annoncé Eurocontrol, l'agence européenne de l'aviation civile, tandis que dimanche, 20% du trafic seulement avait pu être assuré. En France, tous les aéroports situés au nord d'une ligne Bordeaux-Nice sont fermés et devraient le rester au moins jusqu'à mardi matin 8 heures, à l'exception de celui de Nantes, a annoncé la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). En région parisienne, notamment, Roissy et Orly, qui totalisent 60 % du trafic, restent portes closes. En revanche, les aéroports de Bordeaux, Biarritz, Toulouse, Pau, Tarbes, Montpellier, Marseille, Nice, Ajaccio et Bastia sont ouverts. Ailleurs, les avions restent cloués au sol au Royaume-Uni, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas. En revanche, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, l'Autriche, les pays scandinaves et certains pays d'Europe de l'Est ont pu rouvrir au moins partiellement leur espace aérien lundi.

Actuellement, le nuage de cendres volcaniques venu d'Islande continue de se déplacer et pourrait atteindre les côtes canadiennes dans la journée. Il pourrait ensuite revenir vers l'Atlantique.

Les voyageurs pourront-ils être remboursés ?

Les passagers dont le vol a été annulé à cause du nuage de cendres volcaniques venu d'Islande pourront-ils être indemnisés ? Oui : la législation européenne fait obligation aux compagnies aériennes de rembourser intégralement les billets non utilisés. En revanche, les autres frais éventuels induits par l'annulation des vols (paiement d'une chambre d'hôtel par exemple) restent à la charge des clients. De même, les compagnies aériennes ne sont pas tenues d'indemniser leurs clients pour d'éventuels retards de leurs vols.

Pour les vacanciers qui avaient réservé un voyage auprès d'un tour-opérateur et qui n'ont pas pu partir, les choses risques d'être plus compliquées. Cette perturbation inédite du trafic aérien est en effet considérée comme un cas de force majeure. De ce fait, selon la loi française, elle libère l'agent de voyage de la bonne exécution de ses obligations résultant du contrat mais aussi, selon le Syndicat national des agences de voyages, de sa responsabilité d'indemnisation ou de compensation financière.

(Trafic aérien : polémique autour de la gestion de la crise, Les Echos, Elsa Dicharry, 2 juin 2010)

Dernière mise à jour le 08/05/2011 par Groupe.

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