Eyjafjallajökull - Fallait-il fermer l'espace aérien ?
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L'action des météorologues

La plupart des pays de l’Europe de l’Ouest ont mobilisé les compétences de leurs centres nationaux météorologiques afin de fournir des informations actualisées sur l’évolution de la localisation du nuage de cendres. Ainsi en est-il de Météo France, qui a travaillé en étroite collaboration avec son homologue britannique, le Met Office, ce dernier ayant la responsabilité de la zone Nord-Ouest de l’Europe. M. Patrick-Louis David, coordonnateur à Météo France, nous a ainsi confié, dans l’interview qu’il nous a accordée :

Nous avons donc pris la décision, en accord avec les Anglais, de faire tourner également le modèle français, ce qui permettait de confronter les résultats, mais en aucun cas on ne sortait du modèle britannique, étant entendu que nous, nous n’aurions pas aimé que nos amis britanniques nous fassent le coup si jamais le volcan avait été sur la zone de responsabilité de Toulouse, et que cela avait amené des résultats divergents. En fait, avec les cartes qu’on a eues, les deux modélisations sont toujours restées extrêmement proches l’une de l’autre, ce qui confortait les deux centres dans leur analyse. Évidemment, entre deux modélisations un peu différentes, il y a toujours quelques minimes différences, à la marge.

Les vents et courants atmosphériques déterminent en effet la dispersion et le déplacement du nuage. Les météorologues donnent des indications sur la localisation de celui-ci et établissent des prévisions sur son évolution future. Dans la question de savoir s’il était nécessaire de fermer ou non l’espace aérien, ils sont dès lors des interlocuteurs privilégiés dans le sens où les décisions de la DGAC reposent sur ces prévisions.

Les prévisions météorologiques, à ce moment-là, laissaient attendre, pour le samedi soir ou le dimanche, un arrêt très temporaire du flux de Nord-Ouest au niveau de l'Écosse, donc on pouvait toujours espérer une légère amélioration. Or, en fait, ça n’a absolument pas été le cas, parce que cette zone à risque de particules, une fois installée sur la France et sur l’Europe de l’Ouest, compte tenu des conditions météorologiques, n’allait pas se disperser toute seule comme cela. Les conditions météorologiques sur la zone ne la faisaient pas se disperser. Quand bien même le flux amenant les particules depuis le volcan était temporairement arrêté, détourné, la zone à risque restait là et de toute façon, dès le début de la semaine suivante, le flux de Nord-Ouest a repris, ce qui est finalement, peut-être pas courant, mais pas exceptionnel au mois d'avril (un flux de Nord à Nord-Ouest, c'est quelque chose qui se produit assez souvent).

De nos jours, les scientifiques disposent d’outils puissants pour suivre la localisation d’un tel nuage de cendres. C’est ainsi que certains centres météorologiques, dont l’Icelandic Met Office, ont publié des comptes-rendus très détaillés de leurs observations (consulter le "Short Meteorological Overview of the eruption").

Left column: mean sea-level pressure (mbar) and right column 500mbar geopotential height (m). Top row: 1200 UTC on15 April, second row: 1200 UTC on 18 April, third row: 1200 UTC on 24 April and bottom row: 1200 UTC on 7 May. Contour intervals are 5mbar and 50m respectively.

Le travail des météorologues a également consisté à participer aux mesures de la concentration des cendres dans l’atmosphère (à l’aide de systèmes tels que des compteurs de particules et des lasers de télédétection), lors de vols d’essai. Le LIDAR a ainsi été utilisé lors de ces vols. Contrairement à ce que la majorité des météorologues pensait, la concentration mesurée s’est révélée être très faible, inférieure à 80 µg.m-3 !

Le Falcon20 est équipé d’un Lidar (Laser) visant vers le bas et permettant de détecter les couches de cendres volcaniques.

Pour en savoir plus sur ces vols de reconnaissance, consultez le document Safire sur les vols de reconnaissance.

Ainsi que l'a souligné Patrick-Louis David, cette participation, menée en étroite collaboration avec la société SAFIRE, était assez inhabituelle dans leur travail :

Il a fallu essayer d'avoir des mesures in-situ pour « caler » les modèles, et je comprends que, derrière, il y a eu également des travaux acharnés et des contacts avec les constructeurs aéronautiques et les fabricants de turbines pour essayer d'en savoir un peu plus sur la vulnérabilité. C'est donc allé « très vite » compte tenu du travail à faire, sûrement pas assez vite pour les gens qui étaient bloqués dans les aéroports et qui se demandaient comment rentrer chez eux. Il fallait mettre en place des mesures in-situ : tous les LIDAR de recherche étaient activés et on a réalisé des vols instrumentés dans le nuage. L'avion de recherche de Météo FRANCE est à turbopropulseurs ; il ne fait donc normalement pas partie des avions qui sont censés être les plus fragiles. Il a fallu reconfigurer cet avion car il n'était pas du tout préparé pour réaliser ce genre de mesures. Il disposait de l'instrumentation pour effectuer les mesures mais pas configurée pour cette situation. En même temps, il y a eu des décisions d'Air France, par exemple, d'effectuer des vols de reconnaissance.


Dernière mise à jour le 15/05/2011 par Groupe.

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