Faut-il fermer les bibliothèques ?

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Quel contenu ?

Une « bibliothèque hybride » : des livres papiers, des livres numériques, des bouquets numériques, des bases de données…

« Une bibliothèque moderne, pour moi, est un endroit où tous les contenus sont numérisés, qui est présente sur tous les moteurs de recherche et les bases de données »

Mats Carduner, ex-DG de Google France puis Europe du Sud, lors de l’entretien accordé le Vendredi Janvier 2012

Cette vision proposée par l’ex-DG de Google Europe du Sud peut servir de point de départ de notre réflexion autour de l’évolution des contenus des bibliothèques. Tous les acteurs s’accordent sur cette idée, les techniques de numérisation des ouvrages qui sont apparues à la fin du XXème siècle, sont un peu comme la naissance de l’imprimerie apparue cinq siècles plus tôt. Que les bibliothèques se refusent d’utiliser ces techniques et les perspectives qu’elles proposent notamment pour un meilleur partage et une meilleure visibilité de l’ouvrage, parait presque impensable. Aujourd’hui déjà, la plupart des bibliothèques universitaires, dispose d’un contenu numérique.

Le contenu d’une bibliothèque peut prendre différentes formes :

  • Il peut d’abord y avoir des livres numériques. Ces livres peuvent par exemple appartenir à la bibliothèque en question qui a fait le choix de les numériser. Le livre papier est alors conservé dans une réserve et la consultation se fait par le biais de liseuses ou alors par le biais d’une tablette personnelle. Mais ce livre numérique peut aussi bien appartenir à une autre bibliothèque qui a décidé de le partager avec d’autres. Nous touchons alors à une nouvelle définition du contenu que nous développerons un peu plus loin : il n’y aurait plus un unique contenu par bibliothèque mais une interconnexion entre les bibliothèques qui disposerait d’un même contenu en commun.
  • Les bibliothèques peuvent également s’abonner à des bouquets numériques. Ces bouquets peuvent prendre plusieurs formes. Il y a d’abord des bouquets proposés par des maisons d’éditons. Cyberlibris en est un exemple.

    « En inventant l’abonnement forfaitaire au livre numérique, Cyberlibris a démocratisé l’accès au savoir et ouvert de nouvelles sources de revenus aux auteurs et à leurs maisons d’édition. »

    Source : Cyberlibris, sur la page d’accueil de son site Internet

    Il y a également des bouquets numériques qui proposent des contenus différents. Europresse par exemple, donne accès à une grande variété d’archives de presse généraliste ou spécialisée, française ou étrangère. D’autres bases de données sont plus spécialisées comme LexisNexis qui propose des contenus juridiques ou encore Cairn.info qui traite de sujets touchant aux sciences humaines ou sociales. Dans ce type de banques de données, on peut trouver des contenus très variés (articles de presse, rapports, thèses, essais etc.).
  • Il y a enfin le contenu papier par lequel on définissait la bibliothèque il y a quelques décennies.

Ces différentes formes de contenus seront en toute vraisemblance encore longtemps présentes dans nos bibliothèques. Ce sont les proportions de chacune par rapport à aux autres qui peuvent être amenées à évoluer. Il est fort à parier que le contenu numérique ne cessera de grandir dans les années à venir, sans forcément causer la disparition du contenu papier.

Dès 2002, Peter Brophy, directeur du Center for Research in Library & Information Management, mais aussi professeur en gestion de l’information à la Manchester Metropolitan University envisageait un modèle de bibliothèque hybride :

« [Elle] devrait inclure l’accès à tous […] les types de ressources […] au moyen des diverses technologies utilisées dans le monde des bibliothèques numériques, quels que soient les supports »

Peter Brophy, « La bibliothèque hybride », BBF, 2O02

Selon lui, les services « traditionnels » (à partir de collections imprimées), comme les services électroniques présentent des inconvénients, qui les empêchent donc de subsister seuls :

Dans le modèle traditionnel, chaque document doit être utilisé successivement, le stock de documents est limité, les longs délais de publication font que les documents sont déjà obsolètes lorsqu’ils sont intégrés aux collections, les coûts d’acquisition et de conservation des documents peu demandés sont particulièrement élevés (personnel, locaux, nettoyage des étagères), les documents souvent consultés s’abîment et doivent être remplacés, à condition bien sûr qu’ils soient toujours disponibles.

Dans le modèle électronique, la qualité des sources est souvent incertaine, il est difficile de parcourir un document en détail, car l’affichage se fait uniquement page écran après page écran, la conservation des documents reste une question ouverte, et les dispositions en matière de dépôt légal sont très limitées. Enfin, la bibliothèque électronique est parfois vue comme un frein à l’interaction sociale.

Le modèle classique de la collection, celui qui, pendant des années, a privilégié la constitution et le développement des collections, a fait son temps pour Peter Brophy. La mort de la bibliothèque n’est cependant pas d’actualité car les bibliothèques ont un autre rôle à jouer que celui de simples mécanismes de diffusion de l’information.

Les différentes formes de contenus présentées plus tôt seront en toute vraisemblance encore longtemps présentes dans nos bibliothèques. Ce sont les proportions de chacune par rapport à aux autres qui peuvent être amenées à évoluer. Il est fort à parier que le contenu numérique ne cessera de grandir dans les années à venir, sans forcément causer la disparition du contenu papier.

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