Faut-il fermer les bibliothèques ?

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Quel contenu ?

Quelle(s) évolution(s) pour le contenu papier ?

« Les jeunes générations ne sont pas contre le livre. Plus généralement, les choses vont trouver un autre équilibre. Pour l'instant, le volume de papier ne décroît pas, et les deux formats [papier et numérique, ndlr] cohabitent. Il y aura certainement une régression du papier, mais il va rester à un volume important »

Marc Rassat, Chargé de communication à la BNF

Les positions des acteurs concernant le contenu papier peuvent diverger. Certains proposent que tout le contenu soit numérique et que les étagères des rayons soient vidées de leurs ouvrages, d’autres jugent que le contenu numérique est indispensable mais que le support papier doit rester visible et accessible.

Quoi qu’il en soit, comme l’indique Marc Rassat, le support papier ne disparaitra pas tout de suite de nos bibliothèques. Les bibliothèques continueront à avoir des livres papiers et même sûrement à en acquérir de nouveaux : le tout-numérique a également certains inconvénients. Ceux-ci seront évoqués plus tard dans la dernière partie de notre étude

Lors de notre entretien avec Clothilde Zur Nedden, l’actuelle directrice de la Maison de la recherche de l’université Paris-Sorbonne et ex-directrice de la bibliothèque de l’école Mines ParisTech, plusieurs pistes ont été évoquées concernant la position et le rôle du contenu papier dans la bibliothèque du futur.

Pour commencer, dans une bibliothèque du futur, tout le contenu papier devrait avoir été numérisé et indexé dans des bases de données car cela présente de nombreux avantages. L’ouvrage gagne, entre autres, en visibilité car celui-ci peut être consulté par plusieurs personnes simultanément depuis la bibliothèque, et même hors de celle-ci, si la collection est accessible à l’extérieur du lieu ! L’ouvrage est également plus facilement trouvé lors d’une recherche, car le moteur de recherche ne se base plus uniquement sur des mots clés associés à l’ouvrage mais à tout son contenu dont chaque mot a été numérisé et identifié.

« La notion de stockage sur des étagères ou l’utilisation de fiches papiers non informatisées, et donc inaccessibles, n’a aucun intérêt. C’est pour cela qu'on fait de la numérisation. »

Clothilde Zur Nedden

Le contenu papier, quant à lui, doit être stocké dans un magasin ou dans une réserve et doit pouvoir rester accessible si un client souhaite pouvoir consulter l’ouvrage papier. En pratique dans le cas, par exemple, de la bibliothèque de Mines ParisTech, en moyenne six ouvrages sont ramenés quotidiennement du magasin vers les utilisateurs. Ce nombre est relativement faible et montre bien que l’accès à l’intégralité du contenu papier n’a plus le même intérêt qu’auparavant auprès de l’utilisateur. Ce constat nous invite à imaginer de nouvelles formes d’organisation. Par exemple, certaines bibliothèques envisagent de délocaliser leur contenu papier en dehors de leurs locaux, pour augmenter la capacité de stockage, regrouper les contenus de plusieurs bibliothèques etc. Il n’y aurait alors plus une unique bibliothèque isolée mais un réseau de bibliothèques dont le contenu est commun, ce qui permettrait une plus grande richesse du contenu. Il faut noter qu’il existe déjà depuis longtemps, des échanges d’ouvrages entre différentes bibliothèques.

« On peut assurer un service de transport d’ouvrage, ce qui permet de délocaliser les ouvrages [..]. La bibliothèque peut être plurielle. Il y a un lieu, et un réseau : on peut déplacer les utilisateurs et les documents.»

Clothilde Zur Nedden

Si on décide d’exposer le contenu papier, cela doit être justifié. On peut par exemple proposer en fonction de la demande des utilisateurs, une exposition d’une collection autour d’un certain thème pendant un certain temps. La notion importante aux yeux de Clothilde Zur Nedden est celle de collection dynamique. La bibliothèque du futur ne doit pas être figée mais en constantes mutation et évolution. Il ne faut pas avoir peur de « désherber » les étagères des nombreux livres dépassés et inutilisés pour ne garder que le contenu qui convient aux usages des visiteurs. Si on veut que les bibliothèques continuent à être visitées, il faut que le contenu réponde à leurs attentes. Sinon ils risquent de rester chez eux dans la mesure où ils disposent déjà de nombreuses informations grâce à Internet.

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