Quel contenu ?

La question du fond ancien

A l’analyse précédente, il faut apporter une nuance concernant le fond ancien. On ne peut naturellement pas comparer un simple livre de poche avec une Bible de Gütenberg. Le fond ancien est constitué d’ouvrages historiques qui sont souvent de véritables œuvres d’art. Ces ouvrages présentent un aspect affectif et les entreposer dans une simple réserve n’aurait aucun sens, car ce serait priver la bibliothèque et donc le visiteur de toute une partie du patrimoine dont elle dispose. Une simple consultation sur une tablette numérique semble insuffisante, car elle ne permettrait pas d’admirer tous les détails de l’imprimerie avec la même authenticité. Pour mettre en valeur ce type d’ouvrages, on peut imaginer créer des parcours scénographiques dans lesquels une interaction avec le visiteur pourrait être envisagée. Se rendre à la bibliothèque, ce ne serait plus uniquement consulter un ouvrage mais le découvrir et échanger avec lui. On sent ici que l’on s’éloigne de la définition classique d’une bibliothèque qui semble devenir alors une sorte de musée. Sur ce point, les avis divergent : pour beaucoup la bibliothèque ne doit pas répondre aux mêmes enjeux qu’un musée.

Conclusion

Ainsi, les nouvelles technologies de l’information et de l’édition semblent provoquer une mutation des contenus des bibliothèques classiques. Nous avons mis en évidence plusieurs visions : celle de la bibliothèque des bouquets numériques et des bases de données, celle de la bibliothèque comme vivier d’ouvrages à numériser ou enfin celle de la bibliothèque en tant que musée. Toutes ces approches ne sont absolument pas incompatibles. Certains acteurs mettent l’accent sur l’une des missions sans forcément en dénigrer les autres.

Nous avons décrit un peu plus tôt une bibliothèque qui pourrait devenir un musée, mettant en scène son fond historique. Cette mise en scène du contenu est en train de modifier le lieu, on en vient alors à un second nœud de notre controverse, car une bibliothèque n’est pas uniquement définie par son contenu mais aussi par les services qu’elle propose, la clientèle qui la fréquente ou encore le lieu qu’elle est et qu’elle représente. Dès lors, quelle évolution peut-on envisager pour le lieu qu’est la bibliothèque ?

Même dématérialisé, le contenu des bibliothèques s’insère dans un lieu, qui peut être lui aussi physique, ou même virtuel et accessible à distance. Qu’en est-il de l’attractivité de la bibliothèque en tant que lieu ?