Faut-il fermer les bibliothèques ?

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Un bibliothécaire 2.0 ?

Le bibliothécaire : un nouveau guide ?

L’utilisateur vient effectivement chercher le bibliothécaire et le personnel des bibliothécaires afin de l’aider à se retrouver à travers cette masse d’informations colossale que représente le Web. Faire ses recherches depuis chez soi ne suffit plus à présent : l’efficacité et la pertinence des résultats ne sont pas au rendez-vous lorsque l’usager n’est pas sensibilisé aux méthodes de recherche. Il demande alors expressément des conseils aux bibliothécaires, voire même parfois des formations, afin de les aiguiller dans leurs recherches. Google et Internet ne sont pas suffisants : ils regroupent certes une quantité indénombrable d’informations et de ressources, mais tenter de s’y retrouver par ses propres moyens relève pour certains du challenge.

« Google aura beau être le meilleur du monde, avoir le plus contenu le plus riche, il ne remplacera pas l’accompagnement d’un professeur ou d’un bibliothécaire »

Mats Carduner, ex Directeur Général de Google France

On fait appel au bibliothécaire pour nous aider ponctuellement, nous trouver un ouvrage, un article qui répondra à nos attentes, et que l’on n’est pas en mesure de trouver par nos propres moyens. En cela les métiers de libraire et de bibliothécaire peuvent se confondre partiellement.

« La fonction et la mission du bibliothécaire peuvent en fait se rapprocher du métier de libraire »

Xavier Bredin, Directeur associé du Centre pour L’Edition Electronique Ouverte (CLEO)

De plus, les utilisateurs, perdus, demandent également des formations à la recherche documentaire, afin d’optimiser leurs quêtes d’informations. En général, ces « clients », ces usagers en quête de formations sont des chercheurs, des doctorants, ou des étudiants en général qui doivent faire des recherches. Dès que les informations recherchées sont spécialisées ou se doivent d’être diversifiées, une formation aux techniques de recherche documentaire devient nécessaire ; et ces clients se tournent vers les bibliothécaires, spécialistes de la recherche documentaire, pour recevoir une formation de qualité.

Clothilde Zur Nedden a l’habitude d’organiser par exemple chaque année des formations destinées aux étudiants qui le souhaitent, afin qu’ils apprennent à se servir des nouveaux outils, notamment des équations de recherche au sein des bases de données, et des outils de recherches optimisés pour les bibliothèques numériques du type Gallica ou Europeana.

« On fait appel aux bibliothécaires, non pas pour aller chercher un livre sur une étagère, mais pour avoir des conseils sur la chaîne de publication, pour faire des ateliers d’écriture, la manière de trouver des informations fiables »

Clothilde Zur Nedden, Directrice du service commun de la documentation Paris Sorbonne

L’aspect guide du bibliothécaire ne se limite pas seulement à celui de guide « géographique », qui doit aiguiller l’usager à travers un flot d’informations en perpétuel changement. En effet, il a aussi pour charge de scénographier les ouvrages rares afin d’éviter qu’ils ne disparaissent dans l’oubli. En effet, la numérisation supprime l’exclusivité des bibliothèques sur un ouvrage rare, car le livre numérisé est alors la plupart du temps accessible à tous et de partout. Un certain nombre d’articles de réactions contre la numérisation ont été écrits afin de défendre la New York Public Library qui était l’une des dernières bibliothèques à posséder une Bible de Gutenberg, mais qui se voit maintenant privée de cette exclusivité, même si elle reste la seule à posséder l’ouvrage imprimé. Mais d’autres acteurs laissent entendre que cette exclusivité n’est pas perdue et qu’il suffit de mettre en scène ces ouvrages rares afin d’attirer l’utilisateur curieux. L’un des rôles de la numérisation est selon Thierry Claer, qui cite dans son rapport gouvernemental La numérisation dans les bibliothèques : état des lieux et perspectives, écrit en 2007 que l’un des intérêts de la numérisation est de « mettre en œuvre une muséographie ».

« Même numérisé et partagé sous ce format, on garde l’exclusivité d’un ouvrage sous format papier. Le bibliothécaire doit alors le scénographier et en faire quelque chose »

Clothilde Zur Nedden, Directrice du service commun de la documentation Paris Sorbonne

A l’inverse, certains acteurs ne se sentent pas concernés par ces problèmes d’exclusivité du livre, bien que conscients de l’importance de la conservation du patrimoine. Pierre Mounier, par exemple, membre du CLEO, nous a avoué ne pas avoir d’avis sur cette question « sûrement car il n’est pas bibliothécaire ».

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