Faut-il fermer les bibliothèques ?

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Un nouveau lieu ?

Le cas de la BNF

Le 14 juillet 1988, le président de la République, François Mitterrand, annonce :

« la construction et l'aménagement de l'une ou de la plus grande et la plus moderne bibliothèque du monde....[qui] devra couvrir tous les champs de la connaissance, être à la disposition de tous, utiliser les technologies les plus modernes de transmission de données, pouvoir être consultée à distance et entrer en relation avec d'autres bibliothèques européennes »

François Mitterrand, président de la République Française

Le site finalement retenu pour la construction est situé en bordure de Seine dans le XIIIème arrondissement de Paris. La Bibliothèque Nationale de France est administrativement créée par le décret du 3 janvier 1994. Le 8 octobre 1998, l'ouverture de la bibliothèque de recherche scelle l'achèvement de ce grand projet.

Depuis 1998, la BNF accueille, sur ses deux sites, un million de lecteurs environ par an dans ses différentes salles de lecture. Si les entrées moyennes par jour tendent à s’éroder pour les salles de lecture du Haut-de-jardin accueillant le grand public (– 16% entre 2000 et 2009), elles ont augmenté de 5% pour la salle réservée aux chercheurs (Rez-de-jardin).

En 2011, pour palier le désintérêt pour les livres, Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture, souhaite attirer de nouveaux lecteurs, à savoir la « génération écran » ; il est alors prévu de réaménager la BNF. Mais les projets ne manquent pas de susciter l'inquiétude du personnel de l’établissement.

En effet, quelque 30 000 livres sont amenés à disparaître des rayons dans le cadre de la réforme du Haut-de-Jardin. S'ils n'ont pas de double en magasin, ils seront transférés au titre du dépôt légal. En revanche s'ils sont déjà référencés ils seront soit donnés à d'autres bibliothèques françaises ou étrangères, soit détruits.

Pour Georges Gottlieb, bibliothécaire, et Bénédicte Hamon, conservatrice au département Philosophie, Histoire et Sciences de l'homme, le désherbage (opération consistant à retirer des rayons les livres jugés obsolètes) impliqué par la réforme équivaut à « une déforestation ». Privilégier la « fraîcheur » des collections présente le risque de perdre leur profondeur et d’aboutir à une fragmentation du fonds, à la mise en place de pôles de connaissance en fonction de thématiques à la mode. La direction prend des décisions trop hâtives ressenties comme une obsession de la mort du livre.

L’inquiétude du personnel va même bien au-delà d'un démantèlement des collections : pour eux, le projet pourrait condamner à terme l'existence du Haut-de-Jardin. En effet, Georges Gottlieb émet l’hypothèse que la direction n’a jamais aimé cette partie de la BNF telle qu’elle a été définie au départ. Elle aurait l’intention d’abaisser l’offre pour que le Haut-de-jardin soit déserté et qu’il puisse être converti en galerie commerciale ou en salle d’exposition. De récents rapprochements avec les salles de cinéma MK2 voisines le confortent dans sa thèse.

La direction réfute. En cinq ans, elle a constaté une érosion du public avec une perte de 100 000 entrées par an et une baisse de la consultation des ouvrages. Le projet de réaménagement, en créant des espaces ouverts a pour but d'enrayer cette tendance et de séduire les nouvelles générations. Jacqueline Sanson, directrice générale de la BNF, est catégorique :

« Les salles de lecture resteront des salles de lecture »

Jacqueline Sanson, directrice générale de la BNF

Marc Rassat, délégué à la communication de la BNF, confirme que les salles de lecture ont une ambiance propice au travail, sont bien installées et très accessibles. Les conférences et les expositions permettent d’insuffler à la bibliothèque une dynamique vivante et culturelle.

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