Démocratisation ou mort du système éducatif ?

Le type de public visé

Alors que l’on pourrait croire que les MOOCs s’adressent principalement à des étudiants, les études ont montré qu’au contraire, ces derniers ne représentent qu’une minorité du public des MOOCs.

Matthieu Cisel précise en effet que les étudiants ne représentent que 10 à 15% de l’audience des MOOCs. Parmi eux, seuls figurent ceux qui :

  • D’une part, sont très motivés
  • D’autre part, veulent majoritairement découvrir une matière et non se spécialiser

Par ailleurs, Matthieu Cisel et Henri Isaac sont d’accord sur un point : les MOOCs s’adressent à un public mature. En effet, les étudiants y figurent en moins grand nombre que les étudiants déjà diplômés ou les personnes en formation continue. Par ailleurs, nous disposons de quelques chiffres venant à l’appui de ce propos. En effet, sur la plate-forme edX, entre 2012 et 2013, aux Etats-Unis et en Europe, l’âge moyen d’inscription a un MOOC était respectivement de 31 et 28 ans ; 65% d’entre eux étant déjà titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur[1]. Ce constat est confirmé par El Mahdi El Mamhdi, qui précise que “la majorité des étudiants sont des trentenaires souhaitant “peaufiner leur CV”, en suivant des MOOCs pour enrichir leur formation”. Une telle observation peut s’expliquer par plusieurs facteurs.

 

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Les exigences des MOOCs

Tout d’abord, les MOOCs supposent une certaine autonomie et individualité dans le travail auxquelles peu d’étudiants sont prêts à faire face : il faut en effet savoir se motiver et travailler seul.

 

La flexibilité des MOOCs

De plus, les MOOCs semblent de plus en plus destinés aux formations tout au long de la vie, mais sont-ils véritablement adaptables à ces dernières ? Les avis divergent.

Emmanuel Davidenkoff explique bien[2] que de plus en plus de personnes, en dehors des institutions classiques, souhaitent accéder au savoir. La plupart d’entre elles désirent se former et acquérir un savoir dans un but purement professionnel – notamment les entrepreneurs et auto entrepreneurs – mais n’ont ni le temps, ni les moyens d’accéder aux formations classiques. Les MOOCs apparaissent donc comme la solution idéale permettant une réorientation, une reconversion professionnelle ou encore une progression. En effet, dans le modèle standard des MOOCs, les participants ont environ une semaine pour visionner le cours et peuvent donc le regarder quand ils veulent. Une telle flexibilité leur permet de concilier formation et vie professionnelle[3]. C’est ainsi que la majorité des participants ont entre 30 et 40 ans, et se comptent parmi les actifs.

Cependant, l’utilité des MOOCs dans les formations continues serait à relativiser. En effet, les MOOCs ne seraient pas mobilisables, pour Henri Isaac, dans de telles formations puisque selon lui, ils ne permettraient pas de favoriser une réinsertion professionnelle ou d’aider les personnes en situations professionnelles délicates à redéployer leurs compétences sur un autre type d’employabilité ; ils ne serviraient qu’aux personnes ayant déjà un emploi stable. Pourtant, les MOOCs auraient pour vocation d’être plus adaptables aux populations étant réellement dans le besoin et/ou incapables de se former seules, notamment les chômeurs. Ainsi, la question de savoir si les MOOCs sont ou non compatibles avec le public issu de la formation continue n’est pas encore tranchée.

 

La plus-value des MOOCs

Il a été remarqué que ceux qui participent le plus sur les forums sont ceux qui réussissent le mieux. En effet, on constate dans une étude[4] que 57% des participants aux discussions en ligne relatives aux MOOCs viennent d’Europe ou d’Amérique du Nord, 24% viennent d’Asie. Parmi eux, la plupart est déjà diplômée et souhaite profiter des MOOCs pour leur développement professionnel.

 

Le suivi du public →

 


[1]ABEILLE Alexis, DAIGNES Geoffroy, « En route pour une nouvelle aventure, Les MOOCs et la reconfiguration du savoir », Le Débat, 183, 2015, p. 26-34, doi:10.3917/deba.183.0026.

[2]DAVIDENKOFF Emmanuel, « Avec les Mooc, ‘la formation tout au long de la vie va exploser’ : interview avec Daphne Koller », dans http://lexpress.fr , 12 /12/2014. Disponible sur : http://www.lexpress.fr/emploi/formation/avec-les-moocs-la-formation-tout-au-long-de-la-vie-va-exploser_1631039.html (consulté le 6/05/2015).

[3] DOWEK Gilles, « Une brève histoire des MOOCs », Recherche en cours, 9 janvier 2015.

[4]GILLANI Nabeel, EYNON Rebecca, « Communication patterns in massively open online course », Internet and Higher Education, 23, 2014, p. 18-26, doi: 10.1016/j.iheduc.2014.05.004.